Chap 6 – Finitions post-conciliaires 1967-1968 par le RP Delpierre
-1- Nouveaux travaux d’aménagement
Le Concile Vatican II se termine en 1965. Deux ans après, Père Delpierre, suivant les nouvelles règles liturgiques, procède à un réaménagement du chœur :
- les tables d’autel sont remplacées par d’autres, moins longues, en marbre vert des Alpes ;
- le banc de communion est retiré de l’entrée du chœur, il en sera de même un peu plus tard pour ceux des chapelles latérales ;
- l’emmarchement de l’autel est surélevé, ainsi que le sol du chœur ;
- afin que le prêtre puisse dire la messe face au peuple, comme le prévoit la nouvelle liturgie, le Christ de Lambert-Rucki, qui se trouvait jusqu’alors derrière l’autel, est suspendu au-dessus ;
- une cloche « carillon » destinée à la vénération du pain et du vin lors de l’élévation, est incrustée dans une marche. Cette sonnerie, actionnée par un servant d’autel, est toujours en fonction aujourd’hui.
Dans la liturgie conciliaire, la chorale devient membre de l’assemblée ; aussi il est important qu’elle en soit proche. C’est pourquoi une estrade est érigée dans la chapelle Notre-Dame de Boulogne, sous les fenêtres, afin d’accueillir les chanteurs, qui jusque là se trouvaient en tribune.
-2- Messe télévisée en direct de Wimereux dans « Jour du Seigneur »
Dimanche 10 septembre 1967, soit deux mois à peine après la fin des travaux, la messe dominicale est retransmise à la télévision, dans le cadre du « Jour du Seigneur ». La paroisses a été choisie sur les indications de l’Évêché, et c’est un honneur pour elle que d’être, le temps d’un dimanche, le support de la prière de millions de téléspectateurs. Dès 10h, toute l’église est remplie. A 10h30, impossible d’y pénétrer. Enfin, à 10h56, un coup de cloche annonce le début de la célébration. Le sermon est prononcé par le Père Dagonet du « Jour du Seigneur ». Les chants sont interprétés par la chorale paroissiale, forte de 40 éléments, dirigée par Nicole Hémard tandis que l’abbé Debruyne, vicaire, entraîne l’assemblée. Parmi les pièces interprétées, on peut entendre un « Offertoire » spécialement composé par le Boulonnais André Delor sur le thème : « la lumière du monde ». A l’issue de l’office, le Père Delpierre retrouve dans la salle paroissiale toutes les personnes qui ont oeuvré à sa préparation et sa réalisation : techniciens de la télévision, prêtres, chorale, membres présents de la municipalité et du Conseil paroissial. Tous ne tarissent pas d’éloges sur cette messe célébrée dans l’église si bien restaurée. On propose au Père de revenir à Wimereux tourner les cérémonies de la Semaine Sainte, de la profession de foi… C’est un lourd fardeau qu’on lui demande à nouveau de porter. Il lui faudra 10 ans pour accepter.
-3- Un nouveau tabernacle « unique en France », et installation d’un « Christ en gloire »
S’il est dans le diocèse d’Arras une église qui se transforme régulièrement à la lumière du Concile, c’est bien celle de Wimereux. Il est recommandé, dans les églises où l’on possède plusieurs chapelles, d’en avoir une, voisine du chœur, consacrée au Saint-Sacrement. C’est pourquoi le Père Delpierre, qui fait alors partie de la Commission d’Art Sacré du diocèse, aménage en 1968 la chapelle Notre-Dame de Boulogne destinée à accueillir un nouveau tabernacle. Ce dernier sera posé en avril 1968. Les murs du pourtour du chœur sont dès lors habillés de boiseries moulurée en chêne, réalisées par les établissements Boulanger Frères, domiciliés à Wimille et le bois est teinté et ciré par Monsieur Ferton de Saint-Martin. Le tabernacle, réalisé par les établissements Chéret à Paris, sur un dessin de Froidevaux, est inspiré d’un modèle se trouvant à Rome. Son achat nécessite de revendre aux établissements Chéret le Christ de Jean Lambert-Rucki placé depuis 1958 sous la statue de Notre-Dame de Boulogne (il ne s’agit pas de l’autre Christ du même sculpteur placé au dessus du Maître-Autel, dans le choeur !). Le nouveau tabernacle est en laiton doré de 30 flammes émaillées et l’intérieur est gainé de moire blanche. Les nouvelles directives autorisant l’absence de conopée, le coffre est découvert et placé en hauteur derrière l’autel. Cette situation s’explique par le fait que le prêtre célèbre désormais la messe face au peuple. L’ensemble est porté par un chapiteau, oeuvre de Nicole Hémard : Jean le Baptiste tenant l’Agneau de Dieu, entouré des 4 évangélistes ; ceci afin d’exprimer l’unité qui existe entre le pain eucharistique et le pain de la Parole de Dieu. Une source de lumière, incrustée dans le chapiteau, et remplaçant la traditionnelle lumière rouge indiquant la présence eucharistique, éclaire le tabernacle.
La chapelle accueille peu de temps après un « Christ ressuscité« , également réalisé par Nicole Hémard. Ce Christ « en gloire » dans un style se voulant proche de l’art roman, a été décliné en plusieurs versions. On en troue, entre autres, un exemplaire dans le réfectoire des pères de l’abbaye Saint-Paul de Wisques, et à l’église Saint-Pierre/Saint-Paul à Le Portel. L’artiste a voulu apporter sa « touche personnelle » en décentrant le Christ par rapport à la croix, afin de symboliser la résurrection. Cette représentation déroute parfois certaines personnes qui partent du principe que le Christ n’est pas ressuscité directement de la croix, mais est passé par le tombeau. Une chose est certaine, il ne laisse pas indifférent.
L’ensemble du programme de réaménagement, entamé en 1967, se termine en 1968 avec la mise en lumière de l’édifice.
-4- Les nouvelles armoiries de la paroisse
Depuis la restauration de l’église, on peut découvrir en divers endroits de l’édifice des armoiries. Elles sont visibles sur le linteau au-dessus de la porte d’entrée, entourées de deux anges (sculpture de Nicole Hémard), on peut les voir également au dessus du vitrail central du chœur, au centre d’une rose trilobée, réalisée par Maurice Rocher. Elles sont aussi brodées sur un coussin posé sur la cathèdre au font du chœur. Enfin, elles ornent chaque année le cierge pascal.
Ces armoiries rappellent que l’église est sous le vocable de la Vierge et que nous sommes proches de Boulogne où, selon une légende, la statue miraculeuse de la Vierge est arrivée dans le port. Voici la description du blason :
- à dextre, écu avec fleur de lys d’or sur fond d’azur, représentant la Vierge Immaculée à qui l’église est consacrée ;
- à senestre : couronne comtale sur fond de gueules rappelant que le roi Louis XI a conféré la dignité de comtesse de Boulogne à Notre-Dame, et puits d’argent sur fond de gueules, en souvenir de la statue miraculeuse de Notre-Dame qui fut cachée pendant la révolution dans le puits de la ferme de Honvault.
Ces armoiries paroissiales deviendront simplement celles de l’église lorsque les paroisses de Wimereux et Wimille seront réunies en paroisse nouvelle qui prendra le nom de Paroisse Saint-Jean-du-Wimereux.
Voici l’aspect de l’église après les modification apportées par le Père Delpierre respectant les consignes en art sacré post-conciliaires.
-5- Les kermesses paroissiales
On ne peut parler du Père Delpierre sans évoquer les kermesses paroissiales qu’on appelait aussi parfois « kermesses de Monsieur le Curé ». Celles-ci ne sont pas apparues avec son arrivée. Depuis longtemps, la paroisse, comme beaucoup d’autres, organise chaque année des manifestations afin de récolter des fonds nécessaires à son fonctionnement et celui des écoles libres Jeanne d’Arc (école des filles) et Saint-Joseph (école des garçons). A l’époque du Père, les kermesses se déroulent au mois d’août sur la place Albert 1er durant 3 jours (du samedi au lundi inclus). La préparation mobilise une foule de bénévoles pour la préparation, l’installation des stands constitués de structures métalliques recouvertes de bâches, et pour y accueillir les visiteurs. Avant ces jours de festivités, des paroissiens, comme Gérard Lépine qui s’en est chargé un certain temps, démarchent les commerçants pour proposer de leur faire de la publicité sonore, contre rémunération. Ainsi, les journées sont émaillées de slogans publicitaires, spécialement écrits pour l’occasion, et proclamés au micro sur fond musical. L’ordre de passage des messages publicitaires change chaque jour.
Parallèlement à ces stands, un restaurant, servi à table, se tient dans la salle Capillier, sous la houlette de Madame Malahieude. Durant ce repas a lieu une tombola qui permet de gagner une poupée. Par la suite, le restaurant sera supprimé et remplacé par un self, situé au fond de la place Albert 1er, à l’emplacement actuel du centre administratif. Autour du kiosque placé au centre de la place où se tient la buvette, sont disposés les stands aux animations variées : les traditionnelles « enveloppes surprises » qui permettent de gagner de très beaux lots, comme des appareils photos. Il y a aussi le concours de tir à la carabine, animé par Marcel Toulotte, qui s’achève avec la finale le lundi soir, le lapinodrome, les boîtes de conserve, le tiercé aux cochons du dimanche soir, la pêche aux canards, également, durant quelques anées, le circuit de voitures Scalextric, et la ballade en voitures tirées par des baudets… Le dimanche matin, on peut également acheter des pâtisseries à emporter…
Ces kermesses existaient encore en 1972 et on peut aujourd’hui regretter la disparition de ce moment de convivialité, à l’ambiance bon enfant. Une autre époque …
Pour terminer cette vision d’une autre époque : voici un article de la Voix du Nord d’août 1967, relatant la traditionnelle bénédiction des voitures dans la station balnéaire de Wimereux, pour le 15 août.