Chapitre 7 : Développement de la Paroisse avec le RP H. Delpierre

Chap 7 : Développement de la paroisse : 1969-1981

-1- Construction de l’église du Christ-Ressuscité

De nouveaux logements se bâtissent au nord de Wimereux. Le Père Delpierre, pour les mêmes raisons pastorales que l’abbé Lebègue en son temps pour le hameau, décide de construire un second lieu de culte pour desservir ces quartiers. L’entreprise pouvait paraître folle : édifier une église, sans aucune aide, pas même celle du diocèse, est plus qu’une gageure. C’était sans compter sur la foi des paroissiens d’été et d’hiver, animée par le zèle apostolique de leur pasteur.

La première pierre de l’église du Christ-Ressuscité – c’est son vocable – est posée le 2 février 1974. Le terrain de 2000 m² destiné à accueillir le lieu de culte est donné par la municipalité, avec un terrain contigu offert par Monsieur et Madame Vicky Sauvage, et sur lequel se trouve un blockhaus destiné à accueillir le portique soutenant les cloches. Les travaux sont exécutés par l’entreprise Tonnetti, Fernand Fourcroy étant le maître d’œuvre. Le Père Delpierre, pour lequel la symbolique (on l’a déjà vu) a beaucoup d’importance, décide de sceller dans le dallage de la nouvelle église, une pierre extraite des ruines du fort de Croÿ. Charles Decaix, adjoint au maire, se charge d’extraire et de ramener la pierre. Beaucoup de Wimereusiens ignorent encore aujourd’hui qu’un fort était situé presqu’en face du « Grand Hôtel » (aujourd’hui « Résidence Côte d’Opale) (en face de la descente à bateaux, juste avant le Centre Nautique de Wimereux). De son existence, dont il ne reste plus que le nom d’une rue, d’une résidence, des cartes postales et quelques pierres, pour en témoigner. Voici quelques mots sur son histoire…

La Baie de Saint-Jean est un endroit propice au débarquement d’une flotte ennemie. C’est en 1758, au début de la guerre de sept ans, au moment où les côtes de la Manche se trouvent sous la menace imminente d’une attaque anglaise, que le fort est construit grâce au soin du Maréchal de Croÿ, commandant de la province, et de Monsieur de Beauvilliers, ingénieur du roi. Sa situation très avancée le rend très vulnérable et chaque tempête entraîne des dégâts considérables. Le fort sert ensuite à défendre le port construit à l’embouchure du Wimereux en 1804 par Napoléon. En 1875, il est désaffecté. Après son abandon, il se détériore rapidement. Il n’en reste aujourd’hui que d’informes débris : amoncellement de pierres recouvertes d’algues et de coquillages. C’est là que se retrouvent régulièrement à marée basse les cueilleurs de moules.

Le 25 mars 1974, jour de la Fête de l’Annonciation, la pierre du fort est bénie au cours d’une messe célébrée dans l’église de l’Immaculée-Conception. Autour du Père, sont présents l’abbé Bernard Hingrez, supérieur du séminaire des jeunes, et le Père Hoestlandt, directeur du laboratoire d’Ambleteuse des Facultés Catholiques de Lille. Charles Decaix et Monsieur Nackaerts (conseiller municipal du quartier du Baston) sont au premier rang. Cette pierre est scellée dans le dallage de l’église du Christ-Ressuscité en voie d’achèvement, le 24 juillet. C’est le maire, Jean Herlem, qui est chargé de l’exécution. Sur un parchemin, signé solennellement par le maire et le Père Delpierre, est inscrit le texte suivant : « En ce 24 juillet 1974, aux premières vêpres de Saint-Jacques Apôtre, Monsieur Jean Herlem étant maire de Wimereux et le R.P. Henry Delpierre curé de cette paroisse, la pierre de base de cette église dédiée au Christ Ressuscité a été posée par Monsieur le Maire. Le caveau dans lequel a été déposé le parchemin, est fermé d’une plaque de marbre ainsi libellée : « Pierre engloutie du fort de Croÿ, devenue pierre vivante de l’église du Christ-Ressuscité. Pâques 1974. » Au cours de cette cérémonie, le Père exprime la reconnaissance de la paroisse à la municipalité, à Monsieur Herlem, qui a entrepris lui-même les travaux de nivellement du terrain, à la Caisse d’Epargne de Boulogne pour le prêt accordé, à l’entreprise Tonnetti, et aux nombreux donateurs.

L’aménagement liturgique et artistique s’achève : tout le fond du chœur est tapissé d’une magnifique verrière, oeuvre de François Chapuis. Elle provient de la chapelle des Sœurs de Sainte Agnès à Arras, auxquelles la DASS retenait la gestion de la maison d’enfants « la Charmille » avec 300 enfants. La chapelle devenant salle de sports, le Père négocie personnellement afin d’acquérir les vitraux. Les sœurs offrent également les chandeliers de bronze de leur chapelle (refondus sur un modelage réalisé par Nicole Hémard), 30 bancs de chêne et une cloche. La seconde cloche de l’église du Christ-Ressuscité est offerte par un particulier et la troisième provient des fonderies de Marquise.

Le tabernacle est de Jean Robert, ferronnier à Audinghem. (cf photo ci-contre) Il est surmonté de la Couronne du Christ Roi qui provient de l’ancien tabernacle de la Chapelle Notre-Dame de l’église de l’Immaculée Conception (ce dernier tabernacle étant remplacé par le nouveau tabernacle en laiton doré des établissements Cheret supporté par un « chapiteau » constitué d’un bas relief sculpté par Nicole Hémard)

Nicole Hémard a réalisé plusieurs œuvres pour cette église : le chemin de croix, la statue de la Vierge incrustée d’ivoire, don d’un paroissien de Wimereux en souvenir de sa famille. Enfin le « Christ Ressuscité », fixé sur une croix de bronze, et qui rappelle celui de l’église de l’Immaculée Conception.

  • les chandeliers,
  • le chemin de croix (en cliquant sur chaque station vous obtiendrez la méditation correspondante du « Chemin de la Croix » de Paul Claudel, dont une édition a été réalisée avec les photos du Chemin de Croix de Claude Gruer (maître de Nicole Hémard), dont un exemplaire de ce dernier a été exécuté pour l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux.)
  • le Christ ressuscité,

  • l’Immaculée Conception

Les marbres du chœur et de l’autel sont offerts par Madame Georges Poulain et Michel Poulain. Le bénitier qui se trouve à l’entrée provient de l’ancienne chapelle de Terlinchun, plus connue sous le vocable de « Jésus-flagellé ». Lieu de pèlerinage des marins, Sainte-Beuve en parle dans un de ses romans. Elle est détruite en 1940 et il est, un temps, envisagé de la reconstruire, mais aucune suite n’est donnée à ce projet. Le Père obtient de sauver les ruines le bénitier pour pouvoir l’utiliser dans l’église du Christ-Ressuscité. Bien lui en a pris, car les ruines ont depuis été rasées pour permettre l’élargissement de la route passant à côté. Le bénitier est le seul vestige de cette chapelle. (cf article au chapitre 1 « Genèse » du « Récit d’une Aventure »)

-2- Consécration de l’autel de l’église du Christ-Ressuscité

La consécration de l’église a été tardive. Elle n’intervient que le 12 août 1977. L’évêque d’Arras délègue au Père Delpierre l’honneur… et quelle joie pour lui, de consacrer l’autel, en égard à toutes les églises qu’il a restaurées sur le diocèse, de 1941 à cette date !

-3- Seconde messe télévisée diffusée depuis la paroisse

Dimanche 28 août 1977, presque 10 ans après la première messe, l’émission « Le Jour du Seigneur » met de nouveau la ville à l’honneur. Pour cette occasion, le Père demande à ses paroissiens d’été et d’hiver de ne rien changer à leurs habitudes, mais d’apporter simplement un témoignage aux milliers de personnes malades, isolées, qui s’unissent chaque dimanche à la messe télévisée, et y puisent des raisons de prier et d’espérer. Pour cette célébration, le Père est entouré du Père Hoestlandt, de l’abbé Logié, archiviste du diocèse d’Arras, du Père Fricoteaux, missionnaire (de Wimereux), et du Père Santaner, Capucin et prédicateur de l’émission. La chorale est dirigée par Nicole Hémard qui, outre ses talents de sculpteur, met ses dispositions musicales au service de la liturgie depuis de nombreuses années. Les chants sont accompagnés à l’orgue par Xavier Sarazin, et rehaussés à la trompette par Didier Bénard, un jeune de la paroisse. L’après-midi, les participants sont invités à revenir dans l’église pour une discussion de l’émission avec les responsables de la télévision, précédée par la rediffusion, en couleur, de la messe sur l’écran. Chacun peut poser ensuite les questions qu’il souhaite. C’est aussi l’occasion pour remercier le Père, cheville ouvrière de cet événement, lequel rend hommage à la centaine de membres de l’équipe paroissiale.

-4- Les 25 années de ministère paroissial du Père Delpierre

Voila un quart de siècle, le Père Delpierre, envoyé par Monseigneur Perrin, prenait en charge la paroisse de Wimereux. Au cours de toutes ces années, il a restauré l’église, l’a remodelé dans l’esprit de la liturgie de Vatican II selon un style épuré issu des Abbayes de Wisques et de Solesmes, construit un nouveau lieu de culte, construit une vie autour de l’église pour ses paroissiens, et fait face l’explosion démographique de la commune. La paroisse, le dimanche 23 octobre 1977, décide de marquer cet anniversaire d’une pierre blanche. La cérémonie se déroule en deux temps.

La messe d’action de grâce, tout d’abord, est concélébrée avec le Père Hoestlandt et le Père Febvay. A cette messe, la famille du curé et ses amis sont présents. La chorale est dirigée par Nicole Hémard, accompagnée par Xavier Sarazin à l’orgue et Didier Bénard à la trompette. Dans l’assistance, des membres du Conseil Général, de la municipalité de l’époque et la précédente, de l’enseignement, sans compter de nombreux résidents d’été qui ont fait tout exprès le voyage en ce mois d’octobre. Posé su l’autel, un gros livre intrigue les paroissiens. C’est le livre d’or qui rassemble, par ordre alphabétique, plus de 1500 lettres d’amitié qui, toutes, disent la reconnaissance des Wimereusiens d’été et d’hiver envers le Père. C’est à Albert Gournay qu’appartient d’être l’interprète de toute la paroisse : d’abord en tant que Président du Conseil Paroissial, mais aussi en tant qu’ami de longue date du Père. Il retrace la vie du pasteur, évoquant les souvenirs communs d’enfance, son entrée à Wisques, son arrivée à Wimereux, ses actions au sein de la paroisse. En réponse, le Père remercie Monsieur Gournay, rappelle sa formation bénédictine, et parle du rôle de la mission du prêtre.

Après la messe, dans les salles du presbytère, le Père redit au cours de la réception donnée en son honneur, son émotion et ses remerciements à tous ceux qui s’y pressent. Outre le Livre d’Or, deux autres cadeaux lui sont offerts : son portrait, un pastel réalisé à son insu par un paroissien qui tient à rester anonyme, et une chaîne haute-fidélité. Superbe symbole, celui d’une fidélité d’un quart de siècle qui se prolongera « le temps que Dieu voudra ».

-5- Beaucoup d’émotion pour la dernière messe du R. P. Delpierre contraint de se retirer du ministère paroissial

Quatre ans après avoir fêté ses 25 années de présence à Wimereux, le Père Delpierre est contraint de rendre sa charge pour raison de santé. C’est le dimanche 23 août 1981 qu’il célèbre pour la dernière fois comme pasteur, la messe à Wimereux. Dans le chœur de l’église ont pris place Monseigneur Mazerat, ancien évêque d’Angers et ami du Père, les Pères Hoestlandt et Febvay, le Père Butti qui assure l’intérim depuis le 4 mai, le Père Logié, archiviste du diocèse, et l’abbé Depreux, jeune prêtre et ami du Père. La foule des fidèles et amis est considérable : au premier rang, d’un côté la famille du Père, de l’autre le Docteur Bresson, maire, et les membres du Conseil municipal, ainsi que Monsieur Gournay, président du Conseil Paroissial.

Les chants sont interprétés par la chorale dirigée pour la dernière fois par Nicole Hémard. Après l’évangile, Guy Bataille, au nom du Conseil Paroissial, exprime la peine de tous devant ce départ qu’il faut accepter. Ensuite, Albert Gournay, très ému, résume l’action du Père à Wimereux tout au long de ces 29 années, dont le bilan avait été dressé en 1977, après un quart de siècle passé dans la paroisse : la restauration de l’église, la construction de celle du Christ-Ressuscité, et aussi le poids de la charge, trop lourde pour un prêtre seul, attentif à toute la vie paroissiale. C’est avec une grande émotion que le Père prononce sa dernière homélie, il salue ses confrères prêtres, remercie le maire, revenu tout exprès par avion pour la cérémonie, ainsi que toutes les personnes qui l’ont aidé dans sa tâche. Il exprime enfin son attachement à toute la population. « J’ai passé à Wimereux, dit-il, les deux tiers de ma vie sacerdotale. J’y ai vécu heureux. Je pars avec regrets' ».

Tous le monde, à l’issue de la messe, s’apprête à sortir de l’église pour se rendre à la réception offerte par la Ville. Surprise ! A la sortie de l’édifice, la Musique Municipale et les majorettes forment une haie d’honneur et c’est sous les applaudissements que le Père gravit les marches de la mairie. En salle des mariages, il écrit quelques mots sur le livre d’or et le Docteur Bresson exprime l’attachement des Wimereusiens à la personne du Père. Ainsi, le médecin des corps rend hommage à celui des âmes. Enfin il offre deux médailles frappées par la Monnaie de Paris. L’une représente Jean-Paul II, la seconde rappelle les Compagnons d’Emmaüs. L’esprit d' »Emmaüs » n’a-t-il pas été la ligne directrice de l’oeuvre du Père ? Les adieux s’achèvent dans le jardin de l’église, où les nombreux paroissiens peuvent une dernière fois lui dire au revoir.

Pour revoir des documents d’archives concernant la vie du Révérend-Père Henry Delpierre, avant son arrivée à Wimereux, jusqu’après son départ de Wimereux, cliquez sur la vignette ci-dessous (document n°15)

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