ÉTAPES HISTORIQUES SUR DOCUMENTS D’ARCHIVES DIOCÉSAINES
2°) Excuses de l’Abbé Lebègue auprès de son évêque pour le choix d’un plafond en bois (dans sa lettre de vœux en ce début d’année 1866).
L’abbé Lebègue s’excuse, dans une lettre du 11 janvier 1866 adressée à son évêque, d’avoir du modifier le projet d’érection de l’église en abandonnant le dessein initial d’un plafond en pierre, au profit d’un plan de repli : un plafond de bois apparent. En effet, un plafond en pierre aurait nécessité des murs de soutien plus épais et donc un surcoût dans la construction.
Sans cette ironie du sort, à visée purement économique, nous n’aurions jamais pu contempler ce si beau plafond lambrissé en ogive, peint artistiquement à la main avec des motifs floraux et géométriques, quelques années plus tard, en 1886, par l’Abbé Hoffmann, et que certains aiment à comparer, toute proportion gardée, aux plafonds des hospices de Beaune, parce qu’il constitue l’un des atouts de l’église de Wimereux..
Dans cette lettre il y décrit le don des pierres par les propriétaires de carrières, sa volonté de construire l’église en 2 ans, les encouragements reçus (sauf peut-être de Wimille … ?), et l’incroyable avancée de la souscription grâce à un formidable élan de générosité populaire, qui devrait servir d’exemple aujourd’hui à la collecte en cours pour la restauration de l’édifice …
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En voici la retranscription :
Monseigneur,
j’ai l’honneur de soumettre à l’approbation de Votre Grandeur le plan de l’église en projet pour Wimereux. Elle remarquera peut-être avec un certain regret la voûte en bois apparent. Pour arriver à faire une voûte en pierre il eut fallu, tant pour l’importance du travail en lui-même que pour le plus d’épaisseur à donner aux murs, une dépense peut-être trop difficile à couvrir. Du reste la voûte en projet sera en chêne bien travaillé, et produira, comme dans la chapelle des dames du Bon Secours à Boulogne, un très bon effet. La sacristie est aussi un peu éloignée de l’autel mais c’est afin de la rapprocher du presbytère que l’on construira un jour et avec lequel l’église se relirait, comme cela se fait très heureusement à Equihen.
Si Votre Grandeur veut bien revêtir ce plan de votre approbation, les travaux seront donnés en adjudication, aussitôt que le devis, en voie d’exécution, sera terminé, n’ayant à payer que l’extraction des pierres, attendues qu’elles seront données par les propriétaires de carrières, et que les contributeurs ont promis de les transporter gratis. On espère que la dépense totale ne dépassera pas 40 mille francs. Je ne compte pas réaliser ce chiffre sans ajouter à ma souscription qui est déjà de 10 000 Fr., mais qu’à cela ne tienne, l’Eglise sera terminée avant deux ans, j’en ai la certitude : on ne pourrait, du reste, espérer de l’entreprendre dans des conditions plus favorables. J’ai reçu de différents côtés des encouragements bien constants pour moi, mais Wimille, qui ne peut qu’y perdre, s’est montré digne de lui-même. Tout le monde a souscrit ou souscrira. Les riches ont été très généreux. Les ouvriers m’apportaient leurs offrandes quand ils craignaient de n’être pas chez eux lors de mes visites. Un cordonnier, qui n’est pas riche, m’a donné 50 Fr. en s’excusant de donner si peu pour une si belle œuvre. Une quête faite parmi les petits enfants a produit 87 Fr., et une petite fille de neuf ans est venue hier me demander, comme une grâce, de pouvoir offrir, pour l’église de Wimereux, ce qu’on lui avait donné pour les étrennes : 14,25 Fr.
J’ai pensé, Monseigneur, que je ne pouvais, au commencement de cette année, offrir à Votre Grandeur, rien de plus consolant que ces détails qui lui prouveront que, malgré l’indifférence d’un grand nombre, la foi reste encore dans nos campagnes et qu’elle sait au besoin en donner extérieurement de bien beaux témoignages. Espérons que la santé de votre grandeur se maintiendra longtemps encore pour encourager les œuvres qui se multiplient bien dans son Episcopat, et, qu’avant 2 ans, elle nous accordera comme une grande faveur de vouloir bien finir elle-même ce modeste sanctuaire auquel bien des âmes, je l’espère, devront leur salut.
J’ai l’honneur d’être, Monseigneur, avec les sentiments de la plus profonde vénération de Votre Grandeur, le très humble et très obéissant serviteur,
Lebègue
Wimille, 11 janvier 1866.