-5- Trois artistes : Geneviève d’Andréis, Henry Lhotellier, et Nicole Hémard
a) Geneviève d’Andréis
Ensuite, Michel Debuyser a évoqué la monumentale fresque (1960) de 200 m² de l’église d’Audinghen réalisée par Geneviève d’Andréis. Cette église a été entièrement reconstruite après-guerre, en béton, par l’architecte Alexandre Colladant (1912-1978). (Il est aussi connu pour d’autres réalisations architecturales : la Villa Casamar, rue Napoléon à Wimereux, aux fenêtres arrondies (dite « Villa aux lunettes »), les plans de réaménagement intérieur l’hôtel de ville de Boulogne en 1958, et la CPAM de Boulogne en 1958). Alexandre Colladant a été le premier ici à employer pour une église du Pas-de-Calais un plan triangulaire. Ici, le plan et les formes seuls parviennent à transmettre un élan spirituel et se rattachent par là, à la tradition de l’architecture chrétienne.
Bien que l’église d’Audinghen soit prévue à son ancien emplacement, dans l’enceinte du cimetière de ce village côtier, Colladant ne se prive pas d’innover. De 1957 à 1960, il élève un édifice empreint de symbolisme chrétien. Le premier élément que l’on aperçoit de très loin est le clocher. qui se dresse tel un mât en béton armé portant un coq sculpté par Marc Barbezat. Puis apparaît un vaisseau de briques finement ouvragé. L’appareillage présente des saillies cruciformes. L’entrée se fait par l’angle le plus aigu du plan triangulaire.
La fresque de l’église d’Audinghen fut réalisée par son épouse, Geneviève d’Andréis (18/7/1913 – ?). Ces deux artistes se sont en fait connu lors d’un séjour studieux en 1943-44 en résidence à la Casa Velasquez (14e promotion) à Madrid (école française ayant le statut d’établissement public, centre de création artistique et aussi centre de recherche. ). Elle n’était pas chrétienne pratiquante, mais elle a su représenter à Audinghen la « Trinité embrassant le Monde ».
(documents transmis par Laure Colladant, fille de Alexandre et Geneviève Colladant-D’Andréis)
Au premier coup d’œil, on ne semble voir que le Christ qui étend les bras pour accueillir l’humanité vers son père. Mais au-dessus de celui-ci est représentée la Colombe du Saint-Esprit. Dieu semble manquer à cette Trinité si l’on n’observe pas avec plus de précision le rond plus clair figurant derrière le thorax et la tête du Christ : Dieu en effet n’est pas représentable. Il est donc symbolisé par ce cercle plus clair, figurant la lumière divine qui donne Vie à l’oeuvre, et donc à la création qu’elle représente. Ce cercle est d’autant plus visible qu’il est l’endroit exact où frappe la lumière du soleil qui traverse un puits de lumière zénithal placé ingénieusement par Alexandre Colladant au dessus du chœur. La lumière zénithale, qui donne vie à la fresque, vient du Ciel ! C’est Dieu qui s’y représente lui-même ! Cette fresque s’intègre parfaitement à la conception architecturale même de l’édifice. Avec un plan en forme de triangle, sa base principale est le large mur de la fresque du fond du chœur. Par un effet visuel voulu par l’architecte, le visiteur qui rentre dans l’église depuis la pointe du triangle opposée à la base, et avance l’autel, a l’impression de monter vers le chœur. Ce phénomène optique s’explique par la conception d’un plafond incliné qui est plus bas au fur et à mesure que l’on avance vers le chœur. Ceci donne l’impression que le sol monte vers l’autel, alors qu’il est tout à fait horizontal. Mais le visiteur monte donc vers l’autel, vers la Trinité. Le plan triangulaire porte en lui le symbole de la Trinité. Ici donc, Alexandre Colladant n’a pas pris le parti de lignes convergeant vers l’autel pour diriger les regards vers un unique point, l’autel, car ce dispositif manque d’iédée d’ouverrture et d’élévation. L’autel ne doit-il pas être le point de départ vers l’au-delà, le point d’élévation de l’esprit ? Le plan triangulaire plaçant l’autel dans un angle peut en effet donner l’impression d’une voie sans issue. Mais certains architectes ont associé le symbole de la Trinité à l’idée d’ouverture en plaçant simplement l’autel au milieu d’un côté. C’est ce que réalise Alexandre Colladant.
Le visiteur pénètre alors dans la nef unique éclairée par les deux vitraux latéraux se faisant face avant le sanctuaire. L’espace s’élargit de toutes parts vers le choeur, derrière lequel le mur est peint à fresque. Les vitraux latéraux, posés par Gabriel Loire de manière à faire apparaître des formes découpées à l’intérieur et des formes abstraites à l’extérieur, ont été dessinés par Geneviève d’Andréis pour l’un et par Alexandre Colladant lui-même pour l’autre. Ils sont de facture différente mais révèlent une communauté d’esprit. Ce sont des vitraux figuratifs aux formes stylisées. La Vierge à l’enfant, de l’architecte, entourée de trois fleurs de lys et couronnée, est dessinée avec les rondeurs évocatrices de la maternité, sans distinguer les membres des deux personnages. Le saint Sébastien de Geneviève d’Andréis est représenté dans la nudité du supplicié. Les éléments de son martyre sont représentés : quatre flèches sont pointées vers lui sans l’atteindre, une auréole surmonte la figure du saint. Certaines découpes des deux verrières évoquent les formes matissiennes des vitraux de la chapelle de Vence.
Dans l’église d’Audinghen, Geneviève d’Andréis y conçoit aussi les vitraux en pavés de verre. Le vitrail de la Vierge est l’oeuvre d’A. Colladant ; celui de Saint-Sébastien de Geneviève d’Andréis.
Le plan et les formes de l’église parviennent à transmettre un élan spirituel et se rattachent par là à la tradition de l’architecture chrétienne.
Si à Audinghen la synthèse entre architecture et peinture semble réussie, c’est tout de même une équipe réduite qui est concernée. L’architecte a réalisé lui-même l’ensemble du mobilier liturgique : le maître-autel, les stalles, la table de communion, le tabernacle, les chandeliers et les fonts baptismaux sont composés par Alexandre Colladant et exécutés par Eugène Gallé, sculpteur, en granit de Bretagne. L’intégration de la fresque de 200 m2 dans l’église d’Audinghen donne un bel exemple d’association des arts.
Genviève d’Andréis a réalisé une autre fresque monumentale : en 1961 à l’église Saint-Martin de Marck (62)
L’église Saint-Martin de Marck, commencée l’année où s’achève celle d’Audinghen, réunit sur un même chantier l’architecte Maurice Suaudeau et de nouveau Geneviève d’Andréis, devenue Colladant d’Andréis. et Gabriel Loire. Par un marché de gré à gré, les artistes ont accepté de travailler sous la direction de l’architecte.
Maurice Suaudeau a conçu à Marck une architecture qui laisse une place importante à la peinture et aux vitraux. L’éclairage de la grande nef du bas-côté et du choeur, est assuré par la lumière naturelle. Une bande de vitraux court sous la voûte intérieure, qui réfléchit la lumière au sol. Une ouverture circulaire diffuse une lumière zénithale sur l’autel. Ces dispositions supposent une participation considérable du maître verrier.
L’article de la Voix du Nord qui a présenté la nouvelle église ne s’y est pas trompé en détaillant son travail : « L’un des attraits de la nouvelle église… et ce qui sera peut-être le plus grand « sujet de contradiction « … mais aussi l’un des éléments principaux de la manifestation de l’art moderne dans cette église qui est totalement de notre époque, sera la série de vitraux. Sur le bas-côté de l’église, on remarque un grand mur de verre où le rouge domine un ensemble de tons clairs et chauds. Il s’agira d’une réalisation construite en verre éclaté, serti clans le ciment armé, technique propre au maître Gabriel Loire, de Chartres. Il est inspiré du partage du manteau de saint Martin, patron du lieu. 84 panneaux sont placés tout autour de la voûte. Mais les plus « révolutionnaires » sont probablement les quatorze vitraux composant le chemin de croix. [..] Le sens des vitraux du Maître Loire peut échapper à plus d’un visiteur « La notice que Monsieur le Curé de Marck a fait distribuer un dimanche à l’issue des offices doit rendre service en facilitant la compréhension d’une forme d’expression abstraite, qui ne l’est pas autant qu’on le pense… ».
La fresque de Geneviève Colladant d’Andréis n’est pas une intervention de moindre importance. Elle couvre les 60 m2 du mur d’abside. Le thème de la Résurrection a été choisi par le curé de la paroisse, parmi plusieurs projets présentés par l’artiste. Ce n’est la Résurrection du jour de Pâques, mais la Résurrection générale à la fin des temps, sans l’intervention du jugement dernier ! Dans un festival de couleurs passant par tous les tons de l’arc-en-ciel, le Christ, nimbé de gloire entraîne les Hommes à sa suite. Pour Geneviève d’Andréis, la Résurrection est un éclatement de lumière, les ténèbres se déchirent d’où les cercles concentriques autour du Christ, traduisant un mouvement de perpétuelle perfection. Le Christ venu recherché l’Homme égaré pour l’entraîner à sa suite dans sa gloire. C’est pourquoi dans le bas du tableau est figurée l’Humanité s’élevant à la suite du Christ glorieux
Voici d’autres œuvres réalisées par Geneviève d’Andreis :
b) Henry Lhotellier
Michel Debuyser poursuivit sa conférence avec les diverses réalisations d’Henri Lhotellier dans la région. Préalablement, il débuta par sa biographie, que vous retrouvez en détail en cliquant sur l’icone ci-dessous :
Ensuite fut exposés l’art du vitrail d’Henry Lhotellier : celui-ci réalisa ses vitraux dans son atelier de Boulogne-sur-mer où il commence une activité de verrier dès 1935 après avoir quitté sa carrière juridique à Lille, pour s’établir en reprenant l’atelier de vitrail de Pierre Fourmaintraux, rue de la Porte Gayole (atelier au fond de la propriété). L’art du vitrail n’était pas une découverte, il l’avait déjà expérimenté en 1925 avec Alfred-Georges Regner à Calais, et lors de ses cours d’art pris durant ses loisirs pendant ses études juridiques à Lille. Pour pouvoir effectuer librement toutes ses créations dans toutes les formes d’art pictural, assister aux salons artistiques en vue, il fallait des finances en conséquence. Il réalisa donc dans ses ateliers tantôt des vitraux de sa composition sur commandes (de clercs de l’église ou de laïcs) (et dans ce cas il apposait sa signature souvent dans le bas du vitrail), tantôt des vitraux dont les dessins (« cartons ») étaient conçus par d’autres amis artistes (comme à Saint-Martin Boulogne, ou à l’église Saint-Eloi de Dunkerque) (et dans ce cas sans signature).
Outre les raisons matérielles, et aussi le climat de ces années d’avant-guerre, c’est peut-être un certain idéalisme social qui a poussé le jeune Henry Lhotellier à tenter l’intégration de l’oeuvre à un contexte, en préférant, dès 1935, le vitrail au tableau. C’est ainsi qu’il est encouragé en 1935 par Félix Del Marle « qui, à la tête d’un groupe d’artistes laïcs (Henry Lhôtellier, peintre; Pierre Drobecq, architecte; Henri Gros, orfèvre…), crée à Boulogne une association, « La Nef », avec les ateliers d’art sacré des moines de l’abbaye bénédictines de Wisques (Paul Bellot, « poète de la brique » ; François Mes, peintre…), conduits par l’Abbé Don Savaton. Cette association est présidée par Monseigneur Dutoit, et est placée sous le regard bienveillant de l’abbé Lestocquoy, historien régionaliste et membre influent de la Commission des Monuments Historiques du Pas-de-Calais. Elle sera très active dans le Nord de la France des années 30. »(d’après Michel Cabal, pdt de l’Association Culturelle et Historique d’Ardes). « La Nef », dont Henry Lhotellier est secrétaire, se propose de renouveler l’art sacré en y faisant entrer l’art contemporain pour ainsi combler le iatus existant entre l’art sacré et l’art contemporain auquel les esprits semblaient réfractaires depuis plus d’un demi-siècle. Cette intégration se fait en l’adaptant à la liturgie.
Dans son art du vitrail, on remarquera deux périodes, dont la limite temporelle plus ou moins floue peut être fixée à la guerre 39/45 : la première période est figurative, répondant plus fidèlement aux commandes du clergé. La deuxième est abstraite, car Henry Lhotellier a pris plus d’assurance et de notoriété, et l’urgence de restaurer les œuvres détruite par la guerre rend moins exigeants les commanditaires. La première phase évolua depuis un type de vitrail copiant le style de la fin du XIXe siècle, avec beaucoup de détails sur toute la surface du vitrail, des motifs géométriques complexes en grisaille encadrant la scène représenté, etc, puis le dessin devint plus stylisé, les visage moins précis, et le motif du vitrail concentré sur le centre de la fenêtre, le reste du vitrail voyant les motifs géométriques complexes s’effacer pour ne finir que sous forme de verres colorés, mettant plus en relief le thème central. Ceci répondait aussi à des impératifs économique, permettant d’offrir une réalisation à moindre coup.
Voici ci dessous un panorama de quelques vitraux réalisés par Henry Lhotellier
EGLISE SAINTE IDE D’OSTROHOVE (ST-MARTIN-BOULOGNE)
(cliquer sur les vignettes pour être redirigé vers l’article en question)
EGLISE SAINTE PETRONILLE D’ACQUIN
(cliquer sur la vignette pour être redirigé vers l’article en question)
EGLISE NOTRE-DAME DE QUERCAMPS
(cliquer sur la vignette pour être redirigé vers l’article en question)
EGLISE SAINT-ELOI DE DUNKERQUE
Ici, la conception des « carton » des vitraux n’est pas d’Henry Lhotellier, mais la réalisation est bien de lui (dans les anciens ateliers Pierre Fourmaintraux à Boulogne)
(cliquer sur chaque vignette pour voir le vitrail correspondant en pleine définition)
EGLISE SAINT-MARTIN à SAINT-MARTIN-BOULOGNE
Ici aussi, la conception des « cartons » des vitraux n’est pas d’Henry Lhotellier, mais ils sortent bien de ses ateliers.
EGLISE DE NORDAUSQUES
(cliquer sur la vignette pour voir le vitrail correspondant en pleine définition)
EGLISE DE WIMEREUX
c) Nicole Hémard
La conférence se termina par une présentation de la vie et de l’oeuvre de Nicole Hémard, qui fut très présente dans la paroisse de Wimereux.
En 1994, le futur cardinal Philippe Barbarin, alors curé de Boissy-Saint-Léger, avait commandé à Nicole Hémard une statue pour sa paroisse : la statue de Notre-Dame de la Plaine. En recevant son oeuvre, il résumait ainsi la biographie de Nicole Hémard :
« Elle sculpte pour répondre à l’attente des communautés. Elle a « entendu » l’appel de Jean-Paul II demandant aux artistes de mettre l’accent sur la Résurrection du Christ. Elle réalise un « Chemin de Résurrection » à Arras, nouvelle médiation du chemin de croix qui conduit jusqu’à la lumière de Pâques. Souvent, elle a sculpté le Christ crucifié et glorieux tout à la fois. Elle aime beaucoup la polychromie. Elle a travaillé pour le centre Jean-Paul II à Dax, pour l’église Saint-Thomas d’Aquin à Paris, pour la Cathédrale de Bangui (en République Centrafricaine) et celle de Compiègne (Christ Ressuscité, Vierge à l’Enfant, réfection d’œuvres anciennes)… »
Mais qui est cette artiste wimereusienne, à qui le futur primat des Gaules s’adresse pour modeler l’espace liturgique de sa paroisse, et qui reçoit commande de diverses communautés, paroisses, différentes cathédrales, différents pays ou continents ?
Vous retrouverez le détail de sa vie en cliquant sur la vignette correspondante. En résumé, voici quelques faits qui marqueront sa personnalité, tant sur le plan humain qu’artistique. Née en 1936 dans le Val d’Oise, d’un père décorateur de studio de cinéma et d’une mère pianiste, elle fut tôt sensibilisée à l’art. Durant la guerre sa famille dut quitter la région parisienne pour se réfugier sur la côte Normande. Nicole enfant fut confrontée sur son chemin d’exil à la souffrance humaine et à la mort, ce qui la marqua de façon indélébile, en lui donnant une hypersensibilité à la fragilité de la vie et une insondable confiance en la Providence ! Après la Libération, son père retrouva du travail sur Berk en 1946, puis la famille s’installa à Wimereux en 1947 alors que son père prit la tête d’une entreprise pour la reconstruction du port de Boulogne. Respectant la demande de ses parents, elle continue ses études en Lettres Classiques tout en s’intéressant à la musique (violon) et en s’inscrivant aux Beaux-Arts à Boulogne. En 1949, un camp de Guides Scout dans les Pyrénées-Orientales lui fait découvrir la pureté de l’Art Roman dont elle gardera une inspiration pour certaines des ses œuvres (Christs Ressuscités). En 1950, un camp itinérant vers Rome lui permet la découverte de la statuaire antique. Entre 1954 et 1955, elle participe aux Routes Internationales de la Paix en Allemagne et en Autriche, jusqu’à Vienne. L’occasion d’une immersion dans la sculpture baroque. En 1957 le sculpteur de Solesmes Claude Gruer, installe le chemin de Croix de l’église de Wimereux. Il remarqua son talent d’artiste et lui proposa d’étudier pendant un an dans ses ateliers. A son retour en 1958, le Père Delpierre, curé de Wimereux, qui avait été formé dans les ateliers artistiques des moines de Wisques, continua à parfaire sa formation en Art Sacré.
(Cliquer sur l’icône correspondant à la partie du plan que vous souhaiter explorer)
La première oeuvre de Nicole Hémard : Saint-Jacques (Chêne, 1957)
L’un de ses premiers Christ : celui d’Audresselles (en pierre, 1965) :
Et voici l’un des « Christs Ressuscités » types de Nicole Hémard, celui d’Autingues :
D’autres « Christs » de Nicole Hémard, destinés aux Tourelles (Condettes) (petit Christ Ressuscité) ou dans les chambres de l’école du Courset (petit Christ traditionnel)
L’une des oeuvres phares de Nicole Hémard est le Chemin de Résurection de l’église de Sainte-Catherine-lès-Arras. L’église est éclairée latéralement par une verrière « La Jérusalem Celeste » des maîtres verriers Blanchet et Lesage.
(Pour voir les différentes stations de ce chemin ce Résurrection, faire défiler les images ou cliquer sur la visionneuse pour les voir dans leur format optimum)
Durant la restauration de l’espace liturgique de l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux, sous la direction du Père Delpierre, elle réalisa :
- Un « Baiser de Paix » ou Osculatoire en ivoire massif, cintré : oeuvre créé en 1958 pour la liturgie de l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux, à l’époque du R.P. Delpierre)
- Le Christ en Gloire décalé de sa croix
- le chapiteau soutenant le tabernacle de la Chapelle Notre-Dame
- le couvercle en bronze des fonts baptismaux monolithiques en pierre de Marquise
Elle contribua à l’élaboration des armoiries de la Paroisse de l’Immaculée Conception de Wimereux.
Vous pouvez découvrir les réalisations de Nicole Hémard à l’église de Wimereux en cliquant sur les vignettes correspondantes.
Elle intervint aussi dans certaines réalisations que le R. P. Delpierre a entrepris dans les environs : notamment à WIMEREUX :
– l’église du Christ-Ressuscité, au Baston (à Wimereux) :
- les chandeliers,
- le chemin de croix (en cliquant sur chaque station vous obtiendrez la méditation correspondante du « Chemin de la Croix » de Paul Claudel, dont une édition a été réalisée avec les photos du Chemin de Croix de Claude Gruer (maître de Nicole Hémard), dont un exemplaire de ce dernier a été exécuté pour l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux.)
- le Christ ressuscité,
- l’Immaculée Conception
Pour voir le chapitre évoquant l’église du Baston, dans le menu « Récit d’une aventure » consacré à l’histoire de l’église, cliquer sur la vignette suivante :
De l’oratoire de Subiaco (Inxent) (où elle avait son atelier et où vivait seule en ermite après le décès du R. P. Delpierre) qui maintenant a été vendu après son décès, a été préservé notamment sculpture qu’elle a realisée, placée pied de l’autel et représentant les « Pélerins d’Emmaüs » reconnaissant le Christ lors de la fraction du pain. Cette œuvre a été exposée lors de l’exposition « Wimereux et son église, toute une histoire » qui s’est tenue aux Salons des Jardins de la Baie Saint-Jean du 26 avril au 8 mai 2019. Elle fait écho à celle du même nom de son maître Claude Gruer, « Les Pélerins d’Emmaüs » mais cette fois « rencontrant le Christ à la croisée des chemin », et qui est placé quant à lui au pied de l’autel majeur dans l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux. En hommage à Nicole Hémard, et à sa présence à Wimereux, les « Pélerins d’Emmaüs reconnaissant le Christ à la fraction du pain », seront placés dans l’église de Wimereux au pied de l’autel de La Chapelle de la Vierge derrière lequel est placé le Saint Sacrement.
Autant Henry Lhotellier était un artiste mondain, fréquentant les Salons artistiques à la mode, ce qui lui permettait ainsi passer de commande auprès d’un public aisé, et vivre financièrement de son art, autant Nicole Hémard vivait, surtout dans ses deux dernières décennies, repliée en ermite coupée du monde dans le semi-prieuré de Subiaco (Inxent) qu’elle entretenait seule. Et pourtant ses oeuvres sont présentes sur plusieurs continents, différents pays, comme en témoigne le CATALOGUE RAISONNE de ses oeuvre établi par Michel Debuyser. Son seul moyen de subsistance, en plus des commandes extérieures : les cercles communautaires spirituels…
(Cliquer sur l’icone pour être redirigé vers le catalogue raisonné de l’oeuvre de Nicole Hémard établie par Michel Debuyser)
-6- En conclusion :
L’ appel de l’abbé Couturier aux grands maîtres indépendamment de leur foi sert de cadre à la « querelle de l’art sacré » (1951-1952) qui se focalise sur le Christ expressionniste de Germaine Richier pour l’église d’Assy. La polémique se poursuit autour du chemin de croix haché et torturé de Matisse dans la lumineuse chapelle de Vence (1951) devenue par la suite une sorte d’emblème de l’art sacré moderne. Pour mettre fin à ces querelles, et contre les tentatives de définitions d’un style chrétien spécifique, le concile de Vatican II (1963) rappelle que l’Église ne privilégie aucun style et que l’art de toute époque peut joindre sa voix à la glorification de Dieu.
En réalité, il faut donc le reconnaître, il n’y a pas à proprement parler d’ « Art Sacré ». Car dans le monde chrétien, comme dans le judaïsme, n’est sacré (ou saint) que Dieu. Il faudrait parler par exemple d’ « Art Chrétien ». Pour faire de l’art chrétien, il faut être chrétien, pour faire de l’art juif, il faut être juif. L’expression « Art Sacré » ne se veut pas spécifiquement chrétienne, mais voudrait en fait signifier « Art transcendant ». L’expression « Art Sacré » fut répandue au début du XXe siècle notamment avec la création des “Ateliers d’Art sacré” de M. Denis et G. Desvalières en 1919 ; cette expression fut revendiquée tant pour “baptiser l’art moderne” selon la vision de Maurice Denis, que pour dépasser l’appellation d’art religieux trop limitative ou proche d’un style saint-sulpicien. Cependant, dès le début du xxe siècle, l’adjectif sacré prend un sens plus large. Le dominicain Marie-Alain Couturier, dirigeant de 1937 à 1954 avec le père Pie Régamey, la revue L’Art sacré (titre créé en 1935), va contribuer à conduire la notion d’art sacré hors des frontières d’un monde religieux particulier pour signifier l’ouverture à une forme de transcendance ou encore une qualité spirituelle intrinsèque. Mais l’art n’est-il pas, de tout temps, une forme de transcendance de l’homme ? Car l’art élève l’homme vers une entité inconnu qu’il semble posséder en lui. L’homme possède inconsciemment cet attrait à la transcendance comme en témoigne la présence de l’art dans toutes les civilisations. Aussi, à un très haut niveau, des équivalences semblent possibles entre l’art et le sacré ; l’abbé Couturier disait : il faut confier « aux grands hommes, les grandes choses » et préférer « un génie sans la foi à un croyant sans talent ».
Nous l’avons vu, avec Geneviève d’Andreis par exemple, des artistes éloignés de la religion peuvent transmettre de belles œuvres sacrées. Dans le « Bilan d’une querelle », L’Art sacré cite en 1952 ces propos de Matisse : « Un artiste sans religion, lui demande-t-on, peut-il faire une œuvre d’art sacré ? ». Il répond : « Il n’y a qu’à voir son œuvre ! Invite-t-elle au recueillement, à la paix ? Est-elle élévation spirituelle ? Si oui, appelez-la Art sacré. ». Alors que la commande publique se joint aux commandes diocésaines dans les édifices protégés au titre des Monuments historiques pour accueillir dans les édifices anciens des œuvres contemporaines, la question d’un art sacré ne se limite pas au contexte d’église. L’art n’est pas une pure représentation. L’art sacré n’est donc pas que pure représentation du Divin. L’art peut être d’une certaine manière le lieu d’une manifestation du sacré, d’une expérience du sens qui se donne à connaître par le sensible et non par le rationnel. Et en ce sens l’art parle du sacré. Et l’on peut dans ce cas parler d’art sacré.
Cette perspective se prolonge avec le débat sur l’art abstrait, alors que dès le début du XXe siècle, les réflexions autour de l’abstraction ont témoigné de ses affinités avec le monde spirituel au sens large.
Mais avec Nicole Hémard, l’art trouvait, qui plus est, en sa personne, la conjonction des deux qualités, la spiritualité et le génie, pour assurer sa création et susciter un dialogue singulier entre chacune de ses œuvres et son observateur. Celui-ci y découvre d’abord une esthétique, et ensuite y entend un message spirituel transcendant et évangélisateur : ce message parle d’une Bonne Nouvelle, comme un témoignage de foi. 5 tonnes de pierres sont passées entre ses mains, pour être transformées en œuvres d’art et transmettre son message, même après sa mort. Comme aimait à le répéter le R.P. Delpierre : « un jour les pierres parleront ! » (Luc 19.40 : « Je vous le dis, s’ils se taisent, les pierres crieront ! ») Et maintenant, les pierres parlent ! 5 tonnes de pierres parlent aujourd’hui comme autant de petits cailloux éparpillés à la surface du globe. Et le monde entend le message de Nicole, qui fait écho direct à la quête contemporaine de sens et d’esthétique.
Voici enfin pour votre réflexion quelques mots laissés un jour en commentaire à la fin de l’article décrivant l’œuvre et la vie de Nicole Hémard sur notre site :
« Il y a probablement plusieurs chemins pour le pèlerin à la recherche de Dieu, l’Homme que je suis doute de son propre chemin, mais reconnais une lumière qui nous guide vers Dieu, mon chemin est et sera probablement long. Mais je sais que Nicole est dans la lumière de Dieu. Elle a su comme ces grands artistes, Henri Charlier, Maurice Denis, nous donner cette émotion qui nous invite à cette introspection à la recherche des mystères de l’humanité à travers ses sculptures. Merci d’avoir croisé vos œuvres ! »