Biographie de Nicole Hémard
Elle est née le 19 octobre 1936 à Eaubonne (Val d’Oise). Son père, Jean-Etienne HÉMARD, après des études à l’Institut Van der Keylen à Bruxelles, installa son atelier à Eaubonne et il travailla alors comme décorateur aux studios de cinéma ÉCLAIR. Sa mère, Fernande JOURDAIN, était pianiste. Après son Brevet Supérieur en 1925, fut très attirée par les Lettres. Nicole est la cadette d’une fratrie de 5 filles. Elle baigne donc dès l’enfance dans le milieu artistique. A 3 ans, en 1939, son père est mobilisé, mais, suite à la naissance de jumelles à son foyer, il est démobilisé (car père alors de 4 enfants). La fermeture des studios de cinéma, du fait de la guerre, vont venir chambouler la vie familiale. En janvier 1940, suite aux bombardements, il faut évacuer la région parisienne : c’est l’exode vers le mont Saint-Michel. Un camion allemand envoie leur voiture dans un fossé, et un attelage de deux puissants boeufs sous leur joug permet de l’en sortir. Commence une période d’errance qui amène la famille à Brive. Puis en 1942 à la Baule puis à Saint-Nazaire. Lors des bombardements de Nantes, la maison est touchée. La famille sort miraculeusement indemne des décombres.
Ces premiers souvenirs d’enfance confrontée à la mort marquent de façon indélébile la petite Nicole, en lui donnant une hypersensibilité à la fragilité de la vie et une insondable confiance en la Providence !
Après la libération, la famille HÉMARD arrive à Berck-sur-Mer en 1946, puis en 1947 à Wimereux, rue Saint Maurice. Le père, en possession d’une carte de réfugié, travaille alors comme chef de centre de l’entreprise parisienne à la reconstruction du port de Boulogne. Il faut subvenir aux besoin de la famille en ces temps difficiles…
Dès 1947, la petite Nicole s’engage dans le scoutisme, fortement marquée par le climat familial (Elle aime évoquer « un gène chrétien » transmis par son grand-père paternel, adorateur perpétuel du Sacré-Cœur de Montmartre !)
Très tôt, entraînée par la tradition familiale, elle entend l’appel de la création artistique, mais cette passion est tempérée par la volonté parentale. Aussi mène-t-elle de front des études de Lettres classiques et des cours à l’école de Beaux-Arts de Boulogne-sur-Mer, où elle est élève d’Augustin DEMIZÈLE et de Maurice BARBEZAT, tous deux directeurs de l’établissement. Elle se passionne pour la géométrie et le dessin. En plus elle apprend à jouer du violon (sur le violon paternel !). Les ressources familiales ne permettant pas de subvenir aux frais de scolarité dans l’Enseignement privé, sur les conseils de Monseigneur LEVE, supérieur de la Providence, Nicole entre au Collège ANGELLIER à Boulogne-sur-mer, pour suivre des études de Lettres classiques.
En 1949, un camp de Guides dans les Pyrénées-Orientales lui fait découvrir la pureté de l’Art Roman. En 1950, un camp itinérant vers Rome lui permet la découverte de la statuaire antique.
En 1952, le R.P. Henry DELPIERRE est nommé curé de Wimereux. Il arrive dans une paroisse où suite aux dégâts liés à la guerre tout est reconstruire : M. MERLIN, architecte-adjoint à Boulogne-sur-Mer est chargé de la reconstruction de l’église (dommages de guerre). Le R.P. Delpierre, ancien moine bénédictin de Wisques (dépendant de l’Abbaye de Solemnes), fait partie de la « NEF », groupement d’Artistes Chrétiens rassemblés autour de DOM BELLOT. Il entreprend de réaménager l’espace liturgique de son église. Il fait appel à Claude GRUER (sculpteur à Solemnes), Henry LHOTELLIER (secrétaire de « la NEF »), Maurice ROCHER (ayant effectué une retraite à Solemnes), et Jean LAMBERT-RUCKI.
Pendant ce temps, entre 1954 et 1955, elle participe aux Routes Internationales de la Paix en Allemagne et en Autriche, jusqu’à Vienne. L’occasion d’une immersion dans la sculpture baroque.
En 1955, Nicole obtient son Baccalauréat de Philosophie, elle est alors recrutée comme Enseignante de Lettre classiques (6°, 5°, 4°) à l’Institut Privé Nazareth, avec, en contrepartie, l’engagement de poursuivre ses études de Lettres Classiques à la Catho, à Lille, en vue d’obtenir le « Propédeutique ». Elle habite alors rue Saint Maurice menant de front enseignement et activité artistiques.
En 1957, Nicole rencontre Claude GRUER, sculpteur, qui vient poser le chemin de croix de l’église paroissiale de Wimereux. Ses goûts créatifs se précisant, elle voit en cet artiste un mode d’expression qui lui correspond et elle décide de prendre une année sabbatique pour parfaire sa formation artistique et suivre les cours de Claude GRUER dans son atelier dans la Sarthe, à Solesmes. Elle y découvre les techniques de sculptures en terre cuite (terre réfractaire). Sa première oeuvre : une statue de Saint Jacques.
En 1958, elle revient à Wimereux, où elle reprend enseignement, études et activité artistique. Tandis qu’elle enseigne les lettres classiques, elle occupe ses loisirs à modeler la terre, sculpter le bois et la pierre. Elle retrouve le Père DELPIERRE, cet ancien moine-sculpteur, trop occupé par sa paroisse pour avoir le temps de pratiquer ses activités artistiques. Il retrouve en elle une « main créatrice » dans l’esprit de sa conception de l’art. « Il faut bien des petites mains », dit-elle humblement. C’est lui qui va initier Nicole à l’Art Sacré. Elle créera alors un magnifique « baiser de paix » (ou osculatoire) en ivoire massif, cintré, pour la liturgie de l’église de Wimereux.
Le 8 décembre 1958, fête de l’Immaculée Conception, elle est consacrée Oblate Bénédictine de l’Abbaye de Saint-Paul de Wisques, sous l’abbatiat de DOM AUGUSTIN SAVATON.
En 1966, elle abandonne ses études pour se consacrer totalement à l’Art Sacré. Elle établit son atelier dans un jardin rue Pierre-Ange Romain, puis déménage pour la rue Saint Armand (atelier en bas et appartement à l’étage). Elle travaille beaucoup dans les communautés religieuses et les églises, notamment celle de Wimereux auprès du Père Delpierre, pour adapter l’espace liturgiques à l’esprit de Vatican II.
Autres « cordes à son arc » : la décoration des cierges pascals, tâche qu’elle assure pendant de nombreuses années, et la musique, avec la direction de la chorale paroissiale de Wimereux.
Ne possédant pas de four assez grand pour la cuisson de ses œuvres, elle passe un accord avec « les Poteries de Colembert », mais celles-ci font faillite en 1978. Dès lors elle transfère son atelier à INXENT, dans la vallée de la Course, où elle fait l’acquisition d’un « grand four » électrique lui permettant la cuisson de ses œuvres. C’est dans cet atelier qu’elle réalisera sa « grande oeuvre » : le Chemin de Résurrection de Sainte Catherine-lès-Arras.
En 1981, le R.P. DELPIERRE quitte Wimereux pour se retirer dans l’ermitage (Subiaco) qu’il a fait construire à Inxent.
(Cliquer sur l’icône ci-dessous pour ouvrir l’article consacré à Subiaco)
Depuis le 7 octobre 2001, suite au décès du R.P. DELPIERRE, elle assure en ermite la pérennité du quasi-prieuré de Subiaco, où elle vit retirée, humblement, loin des projecteurs. Mais, comme aimait à le répéter le R.P. Delpierre : « un jour les pierres parleront ! » (Luc 19.40 : « Je vous le dis, s’ils se taisent, les pierres crieront ! ») Et maintenant, les pierres parlent ! Car entre ses mains, les pierres ont été chargées d’un message : celui que sa foi et son art lui ont permis de transmettre, pour crier la Bonne Nouvelle à la face du monde. Or ses œuvres sont disséminées maintenant sur différents continents. Un Christ Ressuscité est même exposé dans un musée scandinave (après avoir quitté un couvent désaffecté de bénédictines) ! Et maintenant, le monde voit ses œuvres de pierre (5 tonnes de pierre et de terre sont passées entre ses mains en près de 60 ans !), et le monde entend son message qui fait écho direct à sa quête contemporaine de sens et d’esthétique. Des chercheur en art se posent maintenant des questions : « mais qui a donc bien pu sculpter ces œuvres si caractéristiques ? » Monseigneur Barbarin commente son oeuvre. Des amateurs d’art sacré viennent l’interroger, en suivant les « petits cailloux » qu’elle a semé derrière elle. Les projecteurs se tournent actuellement vers elle, l’obligeant à sortir quelque peu de l’ombre. Ainsi, retirée dans son ermitage, loin du monde, elle n’a jamais été aussi présente dans le monde, par sa prière, et par son Art !
Nicole Hémard est décédée le 7 mars 2018 à 81 ans des suites d’un AVC. (ci-dessous, photo de ses funérailles le 14 mars 2018 en l’église d’INXENT)
Pour voir une biographie des deux personnes qui ont beaucoup compté dans son activité artistique, cliquer sur les vignettes suivantes.
Chapeau bas !
C’est complet, magnifique, documenté, agréable, etc