Quelques images du concert d’orgue du samedi 7 juillet 2018 par le Maestro Sergio Orabona (école d’orgue de Naples et titulaire des Orgues de l’église Saint-Nicolas de Stuttgart – directeur du Festival d’Orgue International de Stuttgart) sur l’orgue de l’église de Wimereux.
Un magnifique programme, que l’on pourrait intituler : de l’ombre à la lumière, plein de contrastes et de couleurs (notamment celles de l’Italie) : avec pour démarrer, comme il se doit, le Maître (certes allemand) de l’orgue, Jean-Sébastien Bach, et sa célèbre et grandiose Fantaisie et Fugue en sol mineur BWV 542, avec le choral « Wenn wir in höchsten Nöten sein » BWV 641 (en français : « Quand nous sommes dans l’extrême détresse ») inséré naturellement comme une méditation lente et apaisante entre la fantaisie et la fugue. D’abord la fantaisie, avec ses déferlements de grandes vagues dramatiques, ses sanglots poignants. Elle évoque une bouleversante expérience personnelle vécue par Bach : la mort de Maria Barbara en 1720, alors que la fugue, qui prend pour sujet une vieille chanson flamande, sera la réponse à la Fantaisie, le triomphe de l’énergie lumineuse sur la tentation du désespoir.
Ensuite, changement complet de cadre et d’époque avec une envoutante voire funèbre Marche en ut mineur de Lefebure-Wely, organiste français du XIXe siècle, admiré par Saint-Saëns en raison de ses talents d’improvisation et de son style bien caractéristique, très orchestral voire théâtral, imitant parfois les musiques des kiosques du second empire, et qui se démarquait du style romantico-symphonique de l’époque.
Puis la célèbre Toccata en sol majeur, brillante et gaie, de Théodore Dubois, autre organiste français, à la jonction des XIXe et XXe siècles, successeur de Saint-Saens à La Madeleine. La Toccata en sol majeur, dans laquelle se révèle la passion du compositeur pour Bach, est l’un des fragments de la musique de Dubois à avoir connu la renommée la plus durable.
Après l’Allemagne puis la France, notre organiste Sergio Orabona s’est tournée tout naturellement vers son pays d’origine, l’Italie, pour nous offrir un admirable et poétique Cantabile n°2 « for you » (La baia di Calamosca) d’Enrico Pasani (organiste du XXe siècle) évoquant une chaude et douce soirée dans cette baie de Cagliari. Ses Cantabile racontent chacun une histoire, presque comme une impression à la manière de Debussy. Et ce n’est pas pour rien que le plus fameux de ses cantabile, « for you », est interprété sur toute la surface de la terre, et parfois dans des transcriptions les plus idiomatiques (p. ex. pour trompette et orgue)
Nous sommes restés ensuite en Italie avec Vincenzo Petrali (XIXe siècle), surnommé dans la péninsule le « Prince des organistes » : deux morceaux : le « Versetto per il Gloria » (verset pour la Gloire) suivi de « Marcia per dopo la Messa » (Marche pour la fin de la messe) extraits de sa Messe Solennelle.
Après un court entracte, la deuxième partie restait dédiée à l’Italie, d’où est natif Sergio Orabona :
– un magnifique Scherzo en sol mineur de Marco Enrico Bossi, organiste du XIXe siècle , une oeuvre impétueuse avec des effets de crescendo grandioses (Scherzo op 49 n°2) : compositeur d’opéras et de nombreuses autres formes musicales, Bossi était aussi un organiste qui donnait des concerts dans le monde entier et qui mourut en mer au retour d’une tournée en Amérique. Par coincidence, le mouvement de la phrase qui s’etablit au tout début de son Scherzo est celui d’une vague dont l’énergie confère son élan a cette pièce, qui passe des flûtes tranquilles à l’orgue tutti et vice versa en utilisant un langage musical et une texture très voisins de ceux de Mendelssohn.
– à nouveau un Cantabile de E Pasini, cette fois le n°6, en do majeur, dédicacé à Aldo Termini
– et enfin des extraits d’une oeuvre de Grimoaldo Macchia, « Naples Suite » (oeuvre de 2017, dédicacée à Sergio Orabona) :
Entrée sur « Reginella », puis Canzona sur « Torna a Surriento » et une Sortie sur « Funiculi Funicula ». On y retrouve des thèmes folklorique napolitains, tous plus entraînants les uns que les autres, et repris par de nombreux ténors italiens : Caruso, Domingo…
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Né à Naples en 1978, Sergio Orabona suit les traces de ses parents, tous deux professeurs de musique au Conservatoire de Naples : il y étudie donc la musique dès son plus jeune âge. En 1998 il est diplômé d’Orgue et de Composition avec le palmarès le plus élevé et les louanges les plus enthousiastes du jury : son professeur à cette époque était le Maetro Vincenzo De Gregorio. Il continua alors ses études avec Arturo Sacchetti, Daniel Roth, Harald Vogel, et avec Giancarlo Parodi à l’Institut Pontifical de Musique Sacrée. En 2000, il y obtint les diplômes de fin d’études de Piano, de musique chorale, et de Direction de chœur.
En 1994 il enregistra sur l’orgue de la cathédrale de Naples, un CD pour le label « Terzo Millennio » , qu’il dédicaça en mémoire du facteur de cet orgue, Thomas De Martino (orgue de 1750), et créateur de l’école d’orgue napolitaine (Scuola Organistica Napoletana).
De 1995 à 2001, il est titulaire des orgues de la Cathédrale de Naples (Basilique-sanctuaire de la Madone du Carmel) et de l’église anglicane de Naples. Il participe à des stages concertants, et interprète, sous la direction de Ronald Butts-Boehmer, le Requiem pour choeur et orgue de Maurice Duruflé, diffusé en direct sur la RAI Uno.
En tant que concertiste international, il se produit dans les plus importantes églises en Italie (Cathédrale de Naples, de Ragusa), en France (Basilique Notre-Dame de Boulogne-sur-mer, ou à l’Alpes d’Huez), en Allemagne (Cathédrale de Fulda, Ingolstadt de Münster), en Pologne (Cathédrale de Varsovie), en Suisse (Cathédrale St Gallien), au Luxembourg, en Autriche, au Portugal (Cathédrale de Porto), en Croatie (à la Cathédrale de Zagreb), aux Pays-Bas, en Belgique. En Amérique du Nord, il se produit à New York (Eglise Saint-Thomas), à Washington (National City Christian Church), à Chicago (St-John Cantius), à Toronto (Metropolitan United Church), à Buffalo (Wesminster Presbyterian Church) et à Milwaukee. Il réalisa aussi des enregistrements radiodiophoniques de morceaux inédits de Francesco Durante, Giovanni Fumo et Carlo Cotumacci pour la radio bavaroise.
Depuis 2012, il est titulaire des orgues de l’église Saint-Nicolas à Stuttgart, et directeur artistique du Festival d’Orgue International de Stuttgart. Il est aussi membre de l’association d’orgue « Giovanni Maria Trabaci ».