Plan de la Conférence
-1- Introduction : in memoriam
-2- « Art Sacré » : Comment représenter le divin ?
-3- Art sacré et art contemporain : la « querelle de l’art sacré »
-4- La reconstruction des églises dans le Pas-de-Calais après 1945
-5- Trois artistes : Geneviève d’Andréis, Henry Lhotellier, Nicole Hémard
-6- Conclusion
-1- Introduction
Présentation de Michel Debuyser
Michel Debuyser a toujours été intrigué par un crucifix placé depuis 1976 dans le chœur de l’église d’Autingues : « Quand on entre dans l’église, dit-il, c’est un Christ Ressuscité qui nous accueille et nous interpelle. Cette oeuvre qui exprime la foi de sa créatrice mérite d’être détaillée. » Il s’agit d’une croix dont le Christ semble s’en détacher en montant vers le Ciel par son placement en léger décalage par rapport à celle-ci, vers le haut et vers la droite, symbolisant son Ascension ; il est habillé de vêtements dorés et son front est ceint d’une couronne royale : il s’agit d’un des nombreux « Christs Ressuscités » signés « Nicole Hémard ». Fasciné par la symbolique et la facture de cette oeuvre, il s’est questionné sur l’identité de cette artiste qu’il ne connaissait pas. Durant des années, il fit des recherches et retrouva enfin sa trace : elle s’était retirée seule dans un « ermitage », du nom de « Subiaco », dans la campagne de la vallée de la Course, à Inxent, où s’était établi préalablement le Père Delpierre, ancien moine bénédictin de Wisques et ancien curé de Wimereux. Il réussit enfin à la contacter et fut invité à plusieurs reprises à l’y rencontrer. Elle lui confia ses souvenirs, ses secrets, et elle lui a présenté son carnet de commandes d’œuvres, et son « press book ». Un lien s’était créé : lien de fascination, pour son art et sa spiritualité, et lien de respect, voire d’amitié.
Ci-dessous, photo de Michel Debuyser de Nicole Hémard dans l’atelier à Subiaco :
Par son appartenance à l’Association Culturelle et Historique d’Ardres, Michel Debuyser fut sensibilisé à l’Art Sacré par les connaissances en la matière du président de cette association, Michel Cabal, membre de la Commission d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, et spécialiste des moines-artistes de l’Abbaye de Wisques, dont le curé de Wimereux, le Père Delpierre, après-guerre, était issu. Certaines églises autour de Wisques, après cette guerre, avaient besoin d’une restauration, notamment pour le remplacement des vitraux abîmés, et l’artiste-verrier, Henry Lhotellier, installé à Boulogne, fut souvent appelé pour remplir cette mission. C’est donc tout naturellement que Michel Debuyser s’était intéressé à la reconstruction et à la restauration des églises après-guerre dans le Pas-de-Calais, aux maîtres verriers tels que Henry Lhotellier, et à Nicole Hémard et son oeuvre, à Wimereux et ailleurs.
Le contexte de la conférence
A Wimereux, en effet, l’église fut touchée par de nombreux obus, tombés dans la nef et au niveau du clocher. Les dégâts sont importants. Parmi ceux-ci, la quasi totalité des vitraux était à remplacer. Deux longues phases de reconstruction furent nécessaires : la première de 1952 à 1967, menée par le Père Delpierre, sensibilisé par le courant artistique (LA NEF) constituté d’artistes laïcs locaux et de moines de l’Abbaye de Wisques dont il était issu. Ce mouvement avait vu le jour sous l’influence de Dom Bellot, architecte bénédictin surnommé « le poète de la brique » et qui avait établi son atelier à l’abbaye en 1928. Les maîtres-mots de ce mouvement furent : modernité, simplicité, lignes pures… La deuxième phase (1967-1968,) fut rendue nécessaire après le Concile Vatican II, pour répondre aux nouvelles règles liturgiques : le Père Delpierre procéda alors à un réaménagement du chœur.
De nombreux artistes se sont investis lors de ces longues années de reconstruction et même au-delà et pas seulement dans l’église de Wimereux (Henry Lhôtellier, Maurice Rocher, Claude Gruer, Nicole Hémard, Jean Lambert-Rucki), mais aussi dans la région, comme à Audinghen avec l’architecte Alexandre Colladant, et l’artiste peintre Genevieve d’Andreis…
Michel Debuyser était donc un conférencier tout à fait idoine pour intervenir à Wimereux, et évoquer, entre autres, l’importance de deux artistes ayant participé à la restauration de l’église de Wimereux, Henry Lhotellier et Nicole Hémard.
Ses recherches l’ont amené à photographier les vitraux de bons nombres d’églises dans notre région, ayant bénéficié de l’intervention d’artistes dans la seconde moitié du XXe siècle, et de comparer leurs différents styles et techniques, et même de comparer cela selon la période d’influence pour chaque artiste pour voir leur évolution. Comme nous le verrons plus bas, Il nous a permis ainsi d’admirer de nombreuses photos de vitraux d’Henry Lhotellier, soit figuratifs (avant-guerre), soit abstraits (après-guerre) dans les églises d’Acquin (église Sainte-Pétronile), Dunkerque, Saint-Martin-Boulogne, Nordausques, Quercamps, et Ostrohove (église Sainte-Ide à Saint-Martin-Boulogne)
In Memoriam
En raison de sa fascination pour l’oeuvre et la personnalité de Nicole Hémard, Michel Debuyser tenait à dédier cette conférence à sa mémoire, un an après qu’elle nous ait quitté.