Promenade médiévale au travers des noms de lieux de Wimille-Wimereux
Merci à Jacques Mahieu pour sa conférence du lundi 24 août qui nous a emmené dans l’histoire des noms des lieux (d’origine anglo-saxone) autour de Wimille, Wimereux, Ambleteuse, Wacquinghen, la Vallée du Denâcre, le Chemin Vert … Avec force d’arguments, ils nous a démontré quelle était la manière de prononcer le « W » de nos localités (Wimereux, Wimille…) : donc : à l’anglaise et non à la « parisienne », ou à la germanique…
L’explication toponymique est délicate, elle relève de la linguistique et de la phonétique du nom. Elle exige que l’on ait recours aux graphies les plus anciennes du terme, ce qui est loin d’être toujours le cas dans les démarches de certains, mais c’est à cette obligation que s’est astreint Jacques Mahieu dans sa démarche d’analyse toponymique, en se basant sur Terrier de l’abbaye de Saint-Wulmer en Boulogne-sur-Mer (1505). Les principaux noms de village apparaissent avant l’an 1200 (rarement avant l’an 1100) dans les écrits d’époques. L’Ouest du Nord de la France, la Côte d’Opale, fut, du Ve au VIe siècle, terre saxonne. (Les Francs, d’origine germanique n’ont pas atteint le boulonnais, bien que présents dès le Ve siècle dans le Nord de la France). Les Saxons ont dénommé certains villages du nom du propriétaire du lieu suivi du suffixe « tun » (signifiant : enclos, petite ferme), comme certains noms de lieux peuvent encore le démontrer aujourd’hui … Dans les noms germaniques, le suffixe « hen » précédé de « ing » signifie « la maison des gens de… » (ex : Tardinghen)
Quand on se promène sur le littoral, on est frappé par l’originalité de ces noms de lieux, par leur ressemblance d’un côté de la Manche à l’autre aussi parfois. C’est ainsi que nous avons pu écouter une énumération incroyable de noms de localités quasi-identiques de part et d’autre du « Canal » (ndlr : La Manche). Nous avons découvert que nombre de localités de la côte d’Opale avaient leur pendant en Angleterre ! L’influence saxonne, l’appartenance à une même communauté humaine de part et d’autre de ce bras de mer est déterminante pour comprendre les terminologies d’aujourd’hui. Mais si on se doute que ces noms sont le fruit d’une histoire, on ignore bien souvent laquelle. D’où parfois des confusions ou des erreurs comiques, faites par des personnes parfois très savantes, et qui traversent les siècles car répétées de générations en générations. Un exemple : notre conférencier cite le nom de la rue de l’Aigle au Portel, dénomination qui n’a rien à voir selon lui avec le Premier Empire mais qui vient plutôt du néerlandais Heghe, c’est-à-dire « la haie ». Il en va de même pour l’origine du nom « Mont Lambert », (Bonenberg : mont de Boulogne), Pont de Brique (Pont de le Brick : Brick signifiant « pont »), ou encore le quartier du Renard à Outreau (il ne s’agit nullement d’un renard, mais de l’origine saxonne du nom : Ricken-Acre : « le champ riche »)
Grâce à Jacques Mahieu, nous avons pu parcourir, virtuellement, sur la carte IGN, toujours à partir de l’église de Wimille, 3 boucles de balades.
Il nous a permis de nous rendre compte que certains noms de lieux ont été vidés de leur signification, en étant modifiés « à la française » qui éloigne le mot du sens étymologique d’origine, pour se rapprocher d’autres mots « français » de même consonnance mais de sens complètement différents… Heureusement que certaines traditions orales (notamment parmie les marins) ont permis de retrouver le sens premier de ces noms.
En partant chaque fois de l’église de Wimille, nous avons pu traverser plusieurs lieux et retrouver l’ogirine moyenâgeuse de leurs noms car ces lieux était sur terre anglo-saxonne à l’époque :
– Wimille, La Croix, Houlouve, Oies, Dunes de la Slack, Ambleteuse, Slack, hameau, Slack, rivière (Zee-Laak : Zee : mer ; Laak : plan d’eau, cours d’eau : donc : cours d’eau se mélangeant à la mer), Raventhun, Houpevent, Haire, Hove, Pichevert / Pissevert, Sombrethun, Lohen, Warem, Etiembrique, Mont du Hez (du Heth) ou Le Heth, Pas-de-Gay, Rubergues, Aubengue, Warenne, Waterzelle / Watrezelle
Deuxième boucle : Floquembourne, Honnincthun, Ménendelle, Letrethun, Buisson du Broecq, Heulle strait, Strait in Waskinghem (le …), Warmendalle, Brames, Mordalle, Wimarais, Grisendalle, Wavre, Hodde (le…), Olincthun, Hacquinghem, Rupembert, Hilerlo, Hil (le …), Plancques (les) ou Planque (le…), Cluses, Audenacre, Broecq (le…), Crébecq, Cornu, en 1505, pré situé près du moulin de la Ratterie à Wimille. Peut-être un ancien Cornhus. A proximité d’un moulin, on peut imaginer l’existence d’une grange pour stocker les grains, du flamand corenhus, cornhus, coernhus, cornhuus (mnl) = grange à blé, grenier à blé; halle aux grains (blé), Valembrune, Oratoire dédié à Saint-Antoine à Wimille
Troisième boucle : Lozembrune, Auvringhen, Liskebourne, Houpehove ou Ophove, Gazemetz, Wimereux ex Wimereuwe, Honvault, hameau, château et ruisseau, Honvaut en 1278, voie de la Poterie à Honvault en 1506. Honvaut est probablement un ancien Honvelt (le passage de veld / velt à foud / faut / vaut est confirmé dans Cokefaud, Helfaut, Malevaut, Pittefaux, etc.) : hoen (mnl hoen) = poule; veld (mnl velt) = champ, prairie, pré, plaine. ), Escarpenesse, Crèche (la Crèche), Terlincthun, Godelinbreucq, Odre, Flamengue, Chemin-Vert, Chemin Verd, Poterie, Hodde du Lencq
Les cours d’eau (hygronymie) : [Wime] la (le Wimereux), Denacre (de Oldenacre : vieux champs), Slack (Zee -Laack)