Ce 1er août, l’écrivain (*) et wimereusien Dominique Paty, ancien DRH, amoureux des livres, de la musiques, et des voyages dans l’histoire, auteur de « L’élégante aux yeux d’Opale« , passionné de littérature, nous a dépeint la personnalité mystérieuse et aux multiples facettes (qui ne coïncident pas entre elles !) d’Antoine BLONDIN :
– un journaliste, le pape du calembour, chroniqueur étincelant de l’Equipe, ayant suivi 30 ans toutes les étapes du Tour de France. Pour lui le Tour : « c’était pastis et pastiche ». Quand il s’installait en salle de presse, l’étape terminée, la légende raconte qu’il déclarait : « Au goulot ». Maître du pastiche, des jeux de mots et d’un humour de bon aloi, il a façonné ses chroniques au gré de ses inspirations. Pour le plaisir, citons quelques-uns de ses titres : « le Dernier Châlons où l’on cause », « Au diable la varice », « le Régional de l’épate », « De la Suisse dans les idées », « le Tour du Rhin », « Un dandy de grand chemin », « les Traînardiers », « le Mao jaune », « Il n’est Peyresourde que celui qui ne veut pas entendre…,, » « Le col tue lentement », « La patrie est en Angers », etc.… On en demeure ébahi par ce poème de quarante vers que Blondin troussa pour rendre compte de la dernière étape du Tour de France 1955, étape Paris-Tours, par lequel il pastiche de mémoire le célèbre Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, intitulant le sien Présentation de la course à Notre-Dame de Chartres et qui commence ainsi :
Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde foule et l’océan d’acier
Et l’émouvante houle aux torses des coursiers,
Peloton resserré, essaim, ultime grappe.
Quelle culture et quel talent faut-il avoir pour convoquer de mémoire au soir de chaque étape l’écrivain ou le poète local, afin d’illustrer une chronique sportive ! Ce sont ainsi Jacques Prévert, Villon, Mme de Sévigné, Manon Lescaut, Victor Hugo, Cyrano de Bergerac… qui servent de guides et lui fournissent les jeux de mots de ses chroniques.
– il fut aussi un romancier étonnant tantôt léger, tantôt provocateur ou tendre, dont certains titres parlent à nos oreilles : « Les Enfants du bon Dieu », « L’Humeur vagabonde », « Un singe en hiver »…
– Enfin ce fut le poivrot noctambule du sixième arrondissement de Paris qui s’est fait ramasser trente-trois fois par les flics et ne parlait jamais (c’est lui qui le dit) de littérature avec ses copains de comptoir, même quand ils se nommaient Kléber Haedens, Albert Vidalie ou Louis Sapin ? Un article de Paris-Match lui rendit un spirituel hommage en lui rendant la pareille avec un titre tout trouvé : « Un singe enivré » ! Aux critiques il répondait : « Je ne bois pas pour être saoul mais pour changer les couleurs de la vie. ». Jean-Paul Belmondo, qui croise Blondin quelques semaines avant sa mort, s’approche et lui demande : « Alors Antoine, ça va ? Tu ne bois plus ? » « Non, m… m… mais il faut qu’on aille arroser ça. »
Il aurait pu nous en parler pendant des heures, tant la personnalité d’Antoine Blondin est diverse et variée, et tant Dominique Paty semblait être en osmose avec ce personnage haut en couleur dont il a pu nous transmettre la truculence et l’intelligence d’esprit.
Pour certains, de nombreux et agréables souvenirs d’une époque passée ont ressurgi pour leur plus grand plaisir. Pour d’autre, Dominique Paty donna l’occasion de découvrir ce personnage, de l’apprécier, donnant envie de lire son oeuvre littéraire. En tout cas, ce fut un agréablement moment passé avec Antoine Blondin (euh ! avec Dominique Paty !) Pour tout ça : merci !