Pour sauver la mémoire de l’Abbé Lebègue et de Th Dobelle, l’AEICW relie Paroisses, Villes, et CNSPF

Sans intervenir financièrement (car cette mission serait en dehors de ses statuts), l’AEICW intervient en rapprochant d’une part les Villes de Wimereux et d’Equihen-Plage, et d’autre part les Paroisses Saint-Jean-du-Wimereux et Saint-Jean-en-Boulonnais, de la Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéaire (CNSPF) dans un projet sauvegarde commun, sur le cimetière de Wimille, de la mémoire de deux grands hommes:

  • l’Abbé Gustave Lebègue (11/4/1814 – 12/2/1876), fondateur de l’église Saint-Pierre d’Equihen (ainsi que du presbytère et d’une école en cette ville) et (en tant que curé de Wimille) de l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux (1866).
  • et Théophile Dobelle (5/3/1841 – 4/6/1897), impliqué dans la construction du viaduc Wimille-Wimereux puis responsable de l’urbanisation croissante (voirie et du réseau d’assainissement) du hameau de Wimereux, ardent militant de la scission d’avec Wimille (28/5/1899)

L’association « Urgences Patrimoine » et sa Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire (CNSPF) ont été sensibles à l’alerte lancée par Alain Evrard (historien local) puis par la Paroisse Saint-Jean-du Wimereux (et relayée par l’AEICW), sur l’état d’abandon de plusieurs concessions du cimetière « ancien » de Wimille, dont celles de deux co-fondateurs de l’âme de Wimereux, l’Abbé Gustave Lebègue et Théophile Dobelle. Même s’il s’agit de concessions « à perpétuité », en l’absence d’entretien, la Commune de Wimille aurait pu donc détruire ces tombes pour réaménager son cimetière.

Des symboles forts de l’importance de ces deux grands hommes sont visibles dans l’espace publique local :

  • à Equihen-Plage : une stèle à la mémoire de l’abbé Lebègue a été élevée par l’Association Catholique Paroissiale dans les années 1990, sur une place qui porte son nom, près du monument aux morts, face à l’église
  • à Wimereux : le buste, provenant du monument funéraire de Théophile Dobelle, siège dans l’Hôtel de Ville. Le quai longeant le Wimereux près de l’église porte son nom.

Il fallait donc entretenir et sauvegarder les monuments funéraires de ces deux grands hommes, afin de préserver leur mémoire pour les générations à venir et de transmettre à celles-ci un témoignage de l’histoire locale.

La Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire (CNSPF), s’est proposée de financer les deux projets de sauvegarde.

Une souscription spécifique en ligne et par bulletin de souscription papier, a donc été créée, pour permettre, avec un complément de fonds déjà acquis sur le plan national par la CNSPF, de financer ce projet sans contribution des Paroisses et Villes impliquées.

C’est sous un soleil radieux que s’est tenu un Point Presse le 4 mai 2023 au cimetière de Wimille (créé d’ailleurs sous l’impulsion de l’abbé Lebègue) pour marquer le lancement de cette restauration.

Ce point presse avait pour but, outre de lancer la souscription, de donner un coup de projecteurs sur les prestataires locaux engagés dans cette restauration dans le cadre d’un mécénat de compétences pour faire valoir leurs talents. Ce fut aussi l’occasion de se replonger dans l’histoire des Villes de Wimille, Wimereux et Equihen.

L’accueil de ce point presse a été assuré par la paroisse St-Jean-du-Wimereux (églises de Wimille et Wimereux) en la personne d’Aliette Ménard (présidente de séance) (car la paroisse est à l’initiative du projet de restauration du monument de l’abbé Lebègue, après l’action du lanceur d’alerte Alain Evrard).

Les trois maires de Wimereux, Wimille et Equihen-Plage, étaient donc présents (Messieurs Jean-Luc DUBAELE, Antoine LOGIÉ, et Christian FOURCROY) ainsi que Jean-Luc JOUGLEUX, adjoint au Maire de Wimereux, chargé du Patrimoine notamment, et les services culture et communication de la Ville de Wimille.

L’équipe d’Animation Pastorale (EAP) de St-Jean-du-Wimereux était donc représentée par la Présidente de séance, et l’EAP de Saint-Pierre-en-Boulonnais (église d’Equihen) était représentée par Mme Annonciade LEDEZ (qui a transmis les regrets de l’Abbé Jo LEPRETRE et du curé de la Paroisse, le Père Pierre Poidevin) de ne pouvoir, par son emploi du temps, se joindre à nous).

L’association des Amis de l’Église de l’Immaculée Conception de Wimereux (AEICW) était présente en la personne de son président, en tant que « médiatrice » permettant le rapprochement des intervenants.

Les associations concernées par le Patrimoine et l’Histoire locale étaient invitées et représentées (« Charme de Wimereux », « Cercle Historique Wimille Wimereux »)

Aliette Ménard commença par la présentation du contexte, puis donna la parole au Père Hugues Derycke, coordinateur de la Paroisse Saint-Jean du Wimereux, qui expliqua l’importance du souvenir de l’Abbé LEBEGUE, prêtre fondateur de l’église de Wimereux, symbole d’un lien entre Wimille et Wimereux, cordon ombilical qui a uni les deux communes à la naissance de Wimereux. Il a évoqué l’histoire de l’église de l’Immaculée Conception, œuvre de l’Abbé Lebègue, ainsi que sa transmission jusqu’à nos jours et en l’occurence jusqu’à sa restauration actuellement en cours et financée par la Ville de Wimereux avec l’aide notamment de l’Association des Amis de l’Eglise de l’Immaculée Conception de Wimereux. Malgré la séparation des deux villes, des échanges fructueux se poursuivent jusque dans l’union des clochers de Wimille et Wimereux en une Paroisse nouvelle « Saint-Jean-de-Wimereux » depuis plusieurs années maintenant. Et avec l’église de l’Immaculée Conception de Wimereux qui est fermée pour restauration, les fidèles de Wimereux ont pris l’habitude de se diriger à Wimille pour le culte ; les mariages, baptêmes et funérailles de Wimereux s’effectuent à Wimille. Les rendez-vous culturels de l’AEICW s’effectuent souvent à l’église de Wimille, qui par exemple reçoit indifféremment les Harmonies des deux villes en concert… Le Père Derycke a rebaptisé avec humour la Paroisse en proposant de la replacer sous la protection de Sainte Anne, mère de l’Immaculée Conception.

Puis successivement ont pris la parole les 3 maires présents, pour expliquer chacun leur attachement à cette page d’histoire dans leurs villes respectives.

Une biographie de l’Abbé Gustave Lebègue a été évoquée par Alain Evrard (du Cercle Historique Portelois) dont voici un résumé :
« Le Père Gustave Lebègue naquit à Cucq le 11 avril 1814, il fit ses études au collège de Montreuil-sur-Mer, puis entra au grand Séminaire d’Arras. Ordonné prêtre le 21 décembre 1839, il fut nommé vicaire de la paroisse de Wimille de 1840 à 1842, puis curé de Maninghen et de Zoteux. Vicaire ensuite à l’importante paroisse de St-Joseph à Boulogne pendant 10 ans, il fut envoyé en mission à Equihen (petit et pauvre village de marins, sans clocher !) et il y construisit une église. Pour le remercier, son évêque le nomma ensuite curé de la riche commune agricole de Wimille, non sans l’opposition de quelques notables. A Wimereux, hameau dépendant de Wimille à l’époque, il n’y a que dunes de sable et vestiges du Camp de Boulogne de Napoléon Ier (prévu pour envahir l’Angleterre). Cependant tout allait changer : l’attrait pour les bains de mer, l’expansion du chemin de fer (avec la construction du viaduc pour relier Boulogne à Calais), et la capacité d’investissement immobilier des industriels textiles du Nord, ne sont pas restés inaperçus dans l’esprit visionnaire de l’abbé Lebègue qui décida de construire une chapelle de secours dans les dunes de sable de Wimereux, afin que la bourgeoisie du Nord, en villégiature durant tout l’été dans les villas qu’elle y faisait construire, accomplisse son devoir dominical et ne resta point sans la protection et le salut divin. Il fit poser la première pierre de l’église de Wimereux le 17 novembre 1866. Le viaduc était déjà achevé en 1863 (sous la responsabilité d’un dénommé Théophile Dobelle), et la gare de Wimille-Wimereux fut inaugurée juste après en janvier 1867. C’est autour de cette église que prit corps l’âme de Wimereux, qui s’urbanisa tout autour (sous l’impulsion de M. Dobelle) devant la multiplication des villas, des hôtels et casino, et avec l’arrivée de l’aristocratie britannique. C’est fatigué après un longue carrière dans ses différentes et lourdes charges sacerdotales, amoindri par un premier AVC, que s’éteindra par une seconde attaque le 12 février 1876 le fondateur de l’église de Wimereux. »

La biographie de Théophile Dobelle a été lue par une représentante du « Charme de Wimereux » (Aliette Ménard à nouveau), selon les notes de l’historienne Sylvie Petitbois, dont voici un résumé :
« Théophile Dobelle (de son vrai prénom : « Prudent ») est né le 5 mars 1841 à Camon (dans la Somme). Il était employé aux Chemins de Fer du Nord et fut à ce titre envoyé sur Wimille pour participer à la construction du viaduc ferroviaire qui permettrait de relier Boulogne à Calais par le train. Il trouva le climat de Wimereux fort agréable… Est-ce par le fait qu’il fit la connaissance d’une demoiselle locale, Joséphine Mercier, fille d’hôteliers ? Ils se marièrent en 1864 et s’établirent définitivement à Wimereux. Ils eurent ensemble … beaucoup de petits hôtels, et aussi quatre enfants dont l’un d’eux, appelé communément « Théophile » (aussi !), qui devint maire de Wimereux de 1910 à 1912. Théophile Dobelle (père) participa à l’organisation de l’urbanisation de Wimereux (réseau d’assainissement, voirie) rendue nécessaire devant la construction croissante des villas dans les dunes du hameau de Wimereux, et fut un ardent partisan de la séparation de Wimereux d’avec Wimille, commune agricole qui ne partageait pas les valeurs d’un tourisme balnéaire. Il n’eut pas le bonheur de connaître l’émancipation de la ville de Wimereux qui eut lieu le 26 mai 1899. Il décédera en effet le 4 juin 1897. Le viaduc et la voie ferrée sur laquelle il avait travaillé devinrent le trait de démarcation entre ces deux communes. C’est aujourd’hui le trait d’union entre celles-ci dans leur coopération… Sur le monument de Théophile Dobelle (père) (et non pas maire), on peut lire la mention « Fondateur de Wimereux ». Son buste trône sur le palier du 1er étage de l’Hôtel de Ville de Wimereux. »

Alexandra Sobziack (présidente d’Urgence Patrimoine) pris la parole pour préciser le projet de restauration des monuments funéraires en question et décrire la mission de la Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire et son implication dans le financement des travaux prévus pour les deux monuments en question du cimetière de Wimille. Voici une présentation de son association :

« Le buste en bronze, siégeant sur le palier du 1er étage de l’Hôtel de Ville de Wimereux et qui était à l’origine au sommet du pyramidion du monument de Théophile Dobelle, pourrait être moulé pour obtenir un autre buste en résine à replacer sur l’édifice, tandis que la statue de la Vierge (Immaculée Conception) du monument de l’Abbé Lebègue, dans un état d’érosion avancé, devrait être remplacée : la recherche un sculpteur (local ?) est lancée pour cette mission. »

« Dans le cadre de la Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire, Urgences Patrimoine s’engage à restaurer et valoriser gracieusement les tombes privées, ainsi que les tombes ayant fait l’objet d’une reprise par une commune. C’est ce que la CNSPF se propose d’effectuer ici pour les tombes de l’Abbé Lebègue et de Gustave Dobelle, grâce notamment à une souscription spécifique.
Le but premier de cette commission est de rassembler un grand nombre d’acteurs engagés, qu’ils soient professionnels du patrimoine, historiens, juristes, représentants institutionnels, représentants associatifs, ou simples citoyens, ayant pour dénominateur commun le sens de l’engagement et du devoir de mémoire.
Les actions menées sont des actions de terrain (restauration, entretien, inventaires…), mais la commission se veut également force de propositions auprès des élus et des institutions.
Notre territoire a la chance de pouvoir déjà compter sur des associations actives et engagées pour la sauvegarde du patrimoine funéraire, en particulier pour le patrimoine funéraire militaire. Nous sommes convaincus qu’en fédérant les talents et les énergies de chacun, nous pourrons faire avancer cette cause qui nous tient tous à cœur et nous rassemble.
Enfin, nous souhaitons être le relai de toutes les initiatives déjà mises en place sur l’ensemble du territoire, car nous savons que « la preuve par l’exemple » est un vecteur déterminant dans la réussite d’un projet.
Il est entendu qu’aucune contrepartie financière ne sera demandée aux concessionnaires. Il est toute fois possible de faire un don à l’association pour soutenir un projet, dans le cadre de la défiscalisation.
La volonté de la commission est d’offrir un avenir à un patrimoine souvent oublié.
Le patrimoine funéraire est pourtant un marqueur fort de la mémoire collective d’une commune, c’est la raison pour laquelle il est de notre devoir de le restaurer et de le valoriser.
Afin de mener à bien notre mission, nous faisons appel à des professionnels de la restauration du patrimoine, et nous mettons également en place des chantiers bénévoles ayant pour but d’impliquer la population locale.
« La mémoire ne s’efface pas, elle se transmet ».
Enfin, nous souhaitons développer des actions de sensibilisation auprès des jeunes publics, afin qu’ils comprennent l’importance de ce patrimoine, et qu’ils contribuent à son avenir.
Bien évidemment nous mettrons un point d’honneur à faire de ce patrimoine fragile et souvent incompris, un patrimoine majeur, car il est l’un des plus grands témoins de notre mémoire collective.
Enfin rappelons nous que :  » C’est l’oubli des vivants qui fait mourir les morts. » (Auguste Comte) »

Puis Cécile Fontaine Albagniac, représentant son entreprise « La Rose et la Pierre », sélectionnée par la CNSPF dans le cadre d’un mécénat d’entreprise pour débuter les travaux, expliqua sa mission qui débute sous nos yeux.

cf articles de presse :

  • La Semaine dans le Boulonnais du 10 mai 2023 (cliquer sur la vignette pour lire le contenu)

  • Dans la Gazette du Patrimoine du mois de mai 2023 (cliquer ICI)

Par la restauration de leurs monuments funéraires, les deux « co-fondateurs » de l’âme de Wimereux auront leur mémoire préservée pour les génération à venir.

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