Homélie de l’Abbé J-P Boutoille du dimanche 29 octobre 2017

L'association AEICW
29 octobre 2017

Homélie de l’Abbé J-P Boutoille du dimanche 29 octobre 2017

Homélie de l’Abbé J-P Boutoille
du dimanche 29 octobre 2017

Messe inter paroisses animée par les trois paroisses (St-Jean-du-Wimereux – St-Martin-en-Boulonnais – St-Paul-en-Boulonnais) & Fête des 75 ans de l’Abbé Boutoille

30e dimanche du TO – année A : Ex 22, 20-26 – Ps 17 (18), 2-3, 4.20, 47.51ab – 1 Th 1, 5c-10 – Mt 22, 34-40

« Il n’y a pas d’étranger sur cette terre ! »

« Il n’y a pas d’étranger sur cette terre ! » Ce slogan de la CIMADE (*) voudrait nous provoquer. Dans un langage très actuel, le livre de l’Exode (1ère lecture) nous donne des consignes très concrètes : « L’immigré, tu ne l’exploiteras pas, ainsi que la veuve et l’orphelin ; tu ne prendras pas en gage le manteau de ton prochain : il n’a que cela pour se couvrir quand il fait froid. » C’est ainsi que Dieu attire notre attention sur les personnes fragiles qui dépendent de la bienveillance des autres. Il se désolidarise des agissements coupables en déclarant qu’il répondra au cri des humbles.

En écoutant ce texte biblique, nous pensons tous aux immigrés d’aujourd’hui qui ont fui la guerre. Nous pensons aussi à tous ceux qui sont réduits à l’esclavage et à la misère. Dans certains pays, les gens n’ont qu’un maigre repas par jour. Le livre de l’Exode vient nous rappeler que l’alliance avec Dieu passe par l’amour des frères et spécialement des plus fragiles. Si nous les oublions, notre vie deviendra un contre témoignage. En Dieu, tout homme devient un frère à aimer.

La lettre aux Thessaloniciens (2ème lecture) nous parle d’accueil. L’apôtre Paul congratule les chrétiens de cette ville pour l’accueil qu’ils ont réservé à sa prédication et à sa personne. Ils sont désormais appelés à devenir pour tous ceux qui les entourent des modèles de foi et d’amour.

Dans l’Évangile, nous trouvons des pharisiens qui cherchent à mettre Jésus à l’épreuve. Leur question est vraiment théorique. Ils savent parfaitement qu’aimer Dieu est le commandement suprême : tous les juifs pieux ont l’habitude de prier chaque jour avec ce passage de l’Ecriture : « Ecoute, Israël, tu aimeras le Seigneur ton dieu, de tout ton esprit, et de toute ta force ». Le piège tendu à Jésus visait son enseignement et ses actes. Ses adversaires le voyaient accomplir chaque jour des œuvres de miséricorde ; il était très proche des blessés de la vie, des malades et des égarés. Il guérissait le jour du Sabbat. On lui reproche d’en faire trop au détriment de la loi de Dieu.

Dans sa réponse, Jésus lui rappelle ce qui est dit dans le livre du Deutéronome : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. » Il aurait pu s’arrêter là, mais il ajoute quelque chose qui n’avait pas été demandé par le docteur de la loi : « Le second commandement lui est semblable… : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Jésus met ces deux commandements ensemble pour nous révéler qu’ils sont inséparables et complémentaires. On ne peut aimer Dieu sans aimer le prochain. Et on ne peu aimer le prochain sans aimer Dieu.

Pour vivre cet Évangile, c’est vers Dieu que nous nous tournons. Ce qu’il nous demande, il l’a vécu jusqu’au bout. Au soir du Jeudi Saint, il disait : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Il ne s’agit plus d’une simple loi écrite mais d’une personne qui se donne. Le Christ continue à insuffler son Esprit Saint à ses fidèles pour animer leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Il s’identifie à notre prochain et il nous appelle à le reconnaître dans les autres. Ce que nous avons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’avons fait.

Cet appel à aimer Dieu et le prochain nous rejoint actuellement dans un monde dur et violent. Tous les jours, on nous parle de guerres, de violences et d’exécutions sommaires. Tout cela est absolument intolérable. Le première lecture nous parlait de respect de l’immigré. A travers lui, c’est aussi le Christ qui est là. Nous nous sentons bien démunis face à toutes ces situations. Mais c’est auprès du Seigneur que nous apprenons à aimer comme Lui et avec Lui.

Une communauté sera vivante et dynamique dans la mesure où elle s’ouvrira toujours plus aux autres et aura le souci de la charité.

Le livre du Lévitique dit ceci : « L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Egypte. Je suis le Seigneur votre Dieu. » (Lv 19)

Le pape François dit : « Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus Christ qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté. Le Seigneur confie à l’amour maternel de l’Église tout être humain contraint à quitter sa propre patrie à la recherche d’un avenir meilleur. C’est une grande responsabilité que l’Église entend partager avec tous les croyants ainsi qu’avec tous les hommes et femmes de bonne volonté, qui sont appelés à répondre aux nombreux défis posés par les migrations, avec générosité, sagesse et clair-voyance, chacun selon ses propres possibilités. » Et le pape fait part de sa « préoccupation face aux signes d’intolérance de discrimination et de xénophobie que l’on rencontre en Europe », et il relève avec tristesse « que nos communautés catholiques ne sont pas exemptes de ces réactions de défense et de rejet souvent motivés par la peur et la méfiance de l’autre, le différent, l’étranger ». Le pape met en cause « un soi-disant devoir moral de conserver l’identité culturelle et religieuse d’origine contradictoire avec le principe même du catholicisme qui s’est diffusé sur tous les continents grâce à la migration de missionnaires qui étaient convaincus de l’universalité du message de salut de Jésus-Christ. »

A Calais, ils sont actuellement cinq cents migrants dont beaucoup de mineurs, dépourvus de tout : à chaque descente de police, tous les vêtements sont « piqués » et jetés dans des bennes. Les pauvres sont dépouillés même de leur dignité, de leur humanité. Le pape nous interpelle ; des propositions ont été faites dans notre doyenné. Peu de réponse ! Dans nos liturgies, avons-nous une prière pour eux ? Appel urgent pour vêtements chauds, couvertures, produits d’hygiène, etc. Merci pour eux !

(*) : CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués) : Créée en 1939, la Cimade accompagne les personnes étrangères dans la défense de leurs droits, agit auprès des personnes enfermées et se mobilise pour témoigner.

http://www.lacimade.org/nous-connaitre/histoire/