L'association AEICW
Homélie de l’Abbé Jean-Pierre Boutoille
pour la Vigile Pascale du 31 mars 2018
Gn 1,1–2,2 – Ps 103 (104), 1–2a, 5–6, 10.12, 13–14ab, 24.35c – Ps 32 (33), 4-5, 6-7, 12-13, 20.22 – Gn 22, 1–18 – Ps 15 (16), 5.8, 9–10, 11 – Ex 14,15–15,1a – Ex 15,1b, 2, 3-4, 5-6, 17-18 – Is 54,5-14 – Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13 – Is 55, 1-11 – Is 12,2,4bcd,5-6 – Ba 3,9-15.32–4, 4 – Ps 18b (19), 8, 9, 10, 11 – Ez 36, 16-17a.18-28 – Ps 41 (42),3,5efgh ; 42 (43),3,4 – Ps 50 (51),12-13,14-15,18-19 – Rm 6,3b-11 – Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23 – Mc 16, 1-7
Au premier dimanche de Carême, la première lecture extraite du livre de la Genèse nous a invités à retourner dans le jardin de nos premiers parents, le jardin d’Eden, ce jardin des origines jadis perdu parce que, dès le début de l’humanité, l’homme a laissé le doute et la méfiance s’installer dans sa relation à Dieu. Il s’est pris à douter que son bonheur puisse se trouver dans sa relation à Dieu. Un doute, qui depuis lors, n’a cessé d’habiter le cœur de l’homme.
Le temps du Carême est proposé aux chrétiens comme un itinéraire spirituel pour reprendre pied dans le jardin de Dieu… pour retrouver la fraîcheur des sources, la joie de recevoir son bonheur d’un Autre… et ainsi, laisser renaître la confiance.
Cette nuit, nous sommes au terme de cet itinéraire, revenus aux portes du jardin de Dieu, de la confiance retrouvée. De ce jardin, Jésus s’est laissé voir, tour à tour, comme le portier et comme le jardinier, celui qui va bouleverser le cœur de Marie-Madeleine et des apôtres.
Cette nuit, toi mon frère, toi ma sœur dans le Christ, Jésus se tient à la porte du jardin de TON cœur… et voici que son ange nous redit à chacun, au creux de notre oreille : « Sois sans crainte ! Je sais que toi aussi tu cherches Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici, il est ressuscité, comme il l’avait annoncé. Vien voir, toi aussi, l’endroit ou il reposait. Et puis cours dire à tes frères : « Il est ressuscité d’entre les morts. Il vous précède dans votre Galilée ! C’est là que vous le verrez ! »
Le bonheur, c’est de voir Jésus vivant dans notre Galilée à nous, dans notre propre jardin intérieur, dans le jardin de nos blessures et de nos humiliations, de nos reniements et de nos trahisons. Car c’est de cela aussi, hélas, que nous sommes capables, comme Judas et comme Pierre… parfois jusqu’à la tentation d’en finir avec la vie.
Ami, cette nuit, Jésus parle à ton cœur. Il parle le langage de la renaissance, du pardon et de la grâce. A chacun, il répète : « Je viens habiter ta vie, parce que j’ai vaincu la mort et le péché. En toi je peux faire l’impossible… si tu me fais confiance… Si tu risques ta foi et ta confiance. Et si cette foi et cette confiance, tu es prêt à les traduire en choix de vie, en amour et en fidélité, alors toi aussi tu peux devenir passeur de lumière et porteur d’espérance pour ce monde qui n’en finit pas de se battre avec les démons de la nuit.
Comme un enfant qui court, au matin de Pâques, dans vos jardins, à la chasse aux œufs, dans la belle assemblée de chrétiens que nous formons ici, cette nuit, une petite fille court entre ses deux grandes sœurs. Elles ont pour nom « la Foi » et « la Charité ». Et la petite se prénomme « Espérance ». Elle ne sait pas encore grand-chose du monde, de ses bassesses et de ses tourments. Elle est encore radieuse d’innocence !
Mais cette petite, mes amis, laissez-la courir aujourd’hui dans le jardin de vos vies, en messagère du Dieu de Pâques ! Qu’elle grandisse dans le jardin de votre cœur ! Et comme l’écrivait le poète Charles Péguy, « qu’elle puisse entraîner chez vous ses deux grandes sœurs ! »
Le miracle de Pâques, il se produit quand la foi, l’espérance et l’amour saisissent des vies d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants jusqu’à les rendre rayonnantes d’un bonheur contagieux, témoins émerveillés du Christ ressuscité !
Je vous souhaite à tous d’être des miraculés de Pâques !