Homélie de l’Abbé Pierre Boidin du dimanche 17 septembre 2017

L'association AEICW
18 septembre 2017

Homélie de l’Abbé Pierre Boidin du dimanche 17 septembre 2017

HOMELIE DU PERE PIERRE BOIDIN DU 17 SEPTEMBRE 2017

24e dimanche du TO – Année A
Si 27,30 – 28,7 ; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 9-10, 11-12 ; Rm 14, 7-9 ; Mt 18, 21-35

 

Dans la 1ère lecture, Ben Sirac le Sage nous a dit : « Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait, alors, à ta prière, tes péchés seront remis ». Ensuite Saint Paul nous a rappelé que nous vivons et que nous mourons pour le Seigneur. Et dans l’Evangile que nous venons d’entendre, c’est Jésus lui-même qui vient d’illustrer, par une parabole, son invitation à pardonner jusqu’à 70 fois 7 fois, c’est à dire sans limite. Ce dimanche peut être appelé : « le Dimanche du pardon ». Mais ce n’est pas tout … Faisons ensemble un parcours à partir de ces 3 mots : LA VIOLENCE, LE PARDON, et l’AMOUR.

-1- LA VIOLENCE : la violence est très présente dans l’évangile de ce jour.

Elle est décrite à 3 niveaux :
– Tout d’abord c’est le montant astronomique de la dette du serviteur à l’égard du roi : 10 000 talents, de quoi faire vivre une famille de cette époque pendant 80 000 ans ! Le serviteur ne peut pas rembourser une telle somme. Il est donc lié au roi jusqu’à sa mort.
– la 2e violence, c’est l’attitude du serviteur qui va jusqu’à prendre physiquement à la gorge ses compagnons quqi lui doivent beaucoup moins… et cependant il les fait jeter en prison.
– et la 3e violence, c’est celle du roi, qui, devant la réaction de son serviteur le remet entre les moins des tortionnaires, des bourreaux.

Puisqu’il est question de dettes, n’avons-nous pas tous ou presque, une immense dette à rendre en pensant à tout ce qu nous avons reçu des autres depuis notre naissance, en particulier durant notre enfance au niveau des soins, de la nourriture, de l’éducation humaine et chrétienne, des études… Quelle reconnaissance nous devrions exprimer envers nos parents, nos enseignants, catéchistes, prêtres, religieuses, sans oublier les marins, les agriculteurs, les producteurs d’eau, d’électricité, l’ensemble du corps médical, et des professions paramédicales, les fabricants de médicaments, les artisans de tout notre confort moderne. La tentation, c’est de n’être que des « profiteurs », sans reconnaissance, alors que nous devons tellement aux autres depuis toujours et plus particulièrement dans la 1re partie et dans la dernière partie de notre vie.

Mais je n’ai pas oublié que nous vivons le dimanche du PARDON

-2- LE PARDON

Si nous étions bien conscients de tout ce que nous recevons des autres, ni nous nous sentions profondément en dette d’amour envers Dieu, en dette d’amour envers les autres, et s’il n’y aait pas le mal en nous… Comme nous serions tous gentils, accueillants, compréhensifs, doux, délicats, vraiment attentifs aux besoins des autres. Bref, nous trouverions un grand épanouissement, beaucoup de bonheur, dans une totale solidarité, une vraie et large fraternité, non seulement entre croyants animés par la même foi, le même attachement au Christ, mais, aussi, nous saurions partager, construire, une réelle fraternité, avec l’ensemble de l’humanité. Hélas…, le mal est en nous : il nous pousse à casser l’amour partout. Alors nous devenons, tour à tour, coupables ou victimes. Pensons pendant quelques instants aux personnes avec lesquelles nous sommes plus ou moins en froid, en conflit, en tension, en rupture, que ce soit en famille ou au travail, dans le quartier, dans divers groupes ou associations. Et ça téléphone, et on envoie des mails pour vite leur dire le mal qu’on nous en ait, sans dire que, parfois, nous aussi, nous en faisons. Comment pouvons-nous en arriver là ?

Permettez-moi une définition, qui est d’abord une boutade, une plaisanterie. Parlons football… : « Qu’est-ce qu’un bon arbitre ? Un arbitre juste ? » Un bon arbitre, c’est quelqu’un qui est strict avec le règlement, intransigeant, impitoyable, … avec nos adversaires, mais tellement gentil, doux, compréhensif, pour nos joueurs, pour l’équipe que nous soutenons. Un penalty est sifflé, mais il est un tant soit peu litigieux. S’il est contre l’équipe adverse, nous le trouverons « bien mérité », s’il concerne une faute de nos joueurs, nous disons que ce même penalty n’est pas mérité, qu’il est « sévère » ou même « très sévère », injuste !

A partir de cette définition pleine d’humour, concernant l’arbitrage, il y a une part de vérité. Que chacun se prenne en défaut. Oui, je vois, je dénonce facilement les défauts, les faiblesses des autres… Mais quand c’est moi qui n’ai pas été vrai, compréhensif, amical, fraternel, alors je ne l’admets pas ou je cherche à me justifier par toutes les excuses possibles.

A l’inverse ayons déjà maintenant le souci de dire en vérité, tout à l’heure, le Notre Père, avec cette phrase qui nous engage tellement : « Père, PARDONNE-NOUS nos offenses, COMME NOUS PARDONNONS à ceux qui nous ont offensés. »

Ne laisson pas la rancœur, la jalousie, la haine, envahir nos coeurs. Car alors, avant de faire du mal aux autres, nous commençons par nous faire du mal à nous-mêmes. Je le rappelais dimanche dernier : « Nelson MENDELA a toujours refusé la haine. » Il disait tout le contraire, il disait : « Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur, c’est pourquoi le pardon est une arme si puissante. »

Nous sommes heureux d’être les enfants bien-aimés, chacun personnellement, d’un Dieu d’Amour toujours disponible pour nous pardonner jusqu’à 70 fois 7 fois… En retour, sentons-nous appelés à pardonner plus souvent aux autres, à mieux leur pardonner véritablement. Car le PARDON est un don naturel de l’AMOUR.

-3- AIMER :

Vivons pleinement notre vie d’hommes, de femmes, de jeunes, de chrétiens, en vivant à l’image de Dieu, de Dieu qui est « tout amour et pardon ». Positivons, concrétisons ce désir, en mettant en œuvre le très beau poème écrit par une femme dont je nce connais que le prénom : Edith-Hélène, une femme en Action Catholique, un poème qui nous concerne tous, intituler : AIMER :

Aimer, pour nous,
c’est aussi sourire, chanter,
faire rire ceux qu’on aime,
ceux qui ont besoin de s’évader,
les malades ou les bien-portants.
C’est admirer un tableau, un paysage.
C’est s’émouvoir devant un petit d’homme,
devant l’aïeul qui va finir sa course.
C’est vibrer pour un chant, une symphonie.
C’est trouver du goût à un fruit, à un être.
C’est respirer à pleins poumons
pour sentir la vie
et pour mieux servir.
C’est veiller à la santé des autres
sans négliger la sienne,
C’est travailler
et ne pas avoir honte de se distraire.
C’est écouter et c’est oser prendre la parole.
C’est savoir punir sans ignorer l’indulgence.
C’est aider et savoir accepter un coup de main.
C’est partager et recevoir sans gêne.
C’est respecter les morts, sans oublier les vivants.
C’est donner la joie, c’est donner la vie.
C’est savoir dire demain quand on est tout imprégné d’hier.
C’est pardonner souvent, c’est pardonner toujours.
C’est espérer contre vents et marées.
C’est avancer en acceptant
qu’Autre tienne votre main.
Aimer, c’est se souvenir, à chaque instant,
Qu’on est aimé.

Edith-Hélène, extrait d’ « Une indicible tendresse, poèmes et prières au féminin » (ACGF)

EN CONCLUSION :

Un simple rappel de cet entretien : les 3 étapes résumés en 3 mots :
– COMBATTONS LA VIOLENCE
– PAR LE PARDONNE
– ET L’AMOUR !

Amen !