L'association AEICW
Homélie de l’Abbé Pierre Boidin du 28 janvier 2018
4e dimanche du TO année B : Dt 18, 15-20 – Ps 94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9 – 1 Co 7, 32-35 – Mc 1, 21-28
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus est au début de son ministère public. Mais aussi, à chaque Eucharistie, c’est la même parole du Christ qui retentit dans toute les communautés rassemblées à travers le monde entier.
Jésus enseignait en homme QUI A AUTORITÉ. Plus précisément, après la guérison de l’homme possédé par un esprit impur, l’Évangile précise : « Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voila un enseignement nouveau proclamé AVEC AUTORITÉ ! « . C’est que Jésus, il est, comme personne avant Lui, le Messie, le grand prophète annoncé par Moïse, dans la première lecture d’aujourd’hui.
Ce matin, nous pouvons réfléchir, méditer, successivement, sur :
- l’AUTORITÉ de Jésus,
- puis l’AUTORITÉ des humains,
- pour terminer avec la DIVERSITÉ DES SITUATIONS, telle qu’elle est évoquée dans la seconde lecture.
-1- L’AUTORITÉ DE JÉSUS
A quoi nous fait penser le mot « autorité » ? Voila qui peut évoquer des visages : un papy, une mamie, un papa, une maman, qui étaient, qui sont aujourd’hui, des personnes qui nous laissent l’image plus ou moins bonne de l’autorité, « avec eux », ou avec tel professeur des écoles, avec tel chef au travail, comme on dit : « ça ne bronchait pas », « ça ne rigolait pas », ou c’est encore d’actualité en famille, au travail, « avec eux, y a intérêt à obéir, à exécuter et rapidement. »
Dans le mot « autorité », « autoritaire », se logent des notions, des comportements très variés, tels que ces mots : le « pouvoir », la « puissance », le « commandement », la « possibilité d’imposer », la « domination des autres », jusque parfois le mépris, le harcèlement. Mais « l’autorité » peut aussi se situer dans une belle volonté de service des autres en agissant avec d’autres, en exerçant ce qu’on appelle une « autorité naturelle », reconnue par les autres qui apprécient, chez l’un des leurs, ses capacités pour mettre en oeuvre des projets communs et faciliter une bonne organisation, aboutir à leur réalisation. Une telle autorité bien acceptée, se vit alors dans des relations de confiance et fait progresser tout le monde.
ET l’AUTORITÉ DE JÉSUS ?
Concernant l’Évangile qui vient d’être proclamé, utilisons un commentaire célèbre de St Jérôme, je le cite : « Jésus, dans la synagogue, exerce sa puissance. Il commande à l’esprit mauvais qui habite un homme présent dans l’assistance. Jésus voit dans cet homme l’humanité toute entière ! En s’adressant avec fermeté, AUTORITÉ, Jésus dit en quelque sorte à l’esprit mauvais : « Sors de cet homme ! Sors de ma maison ! Tu n’as rien à faire là ! J’ai pris moi-même un corps d’homme. Je suis venu habiter toute l’humanité. Vas-t’en ! Ce corps que tu habites, c’est une partie de mon corps… Alors dégage de là ! Dégage de là ! » « Dégage », ce n’est pas St jérôme qui l’a dit, mais c’est une expression très claire, significative, que St Jérôme emploierait sans doute aujourd’hui pour commenter l’attitude, l’AUTORITÉ DE JÉSUS – une autorité que l’esprit impur reconnaît en disant : « Je sais qui tu es : tu est le Saint de Dieu ! »
« Et, une fois l’esprit impur sorti, l’homme guéri n’est pas envahi par Jésus qui s’imposerait à lui, et le commanderait AVEC AUTORITÉ. Non ! Cet homme possédé est rendu à lui-même, pour qu’il puisse redevenir acteur de sa vie, pour qu’il puisse répondre librement à Dieu … » (fin du commentaire de St Jérôme).
Reconnaissons que, nous aussi, nous sommes parfois plus ou moins possédés par les esprits mauvais de l’orgueil, de l’égoïsme, de la jalousie, de la rancune, ou même de la paresse.
Mais nous avons nous aussi de grandes chances d’être guéris par Jésus, car Jésus, aujourd’hui encore, Jésus est celui qui agit avec, à la fois, pouvoir et autorité, et surtout avec amour, par les sacrements : il nous pardonne. Dans l’eucharistie, il se livre à nous en nourriture. Il est avec l’Esprit Saint le serviteur, le conseiller, la lumière. Il est l’animateur, à la fois, si présent et si discret qui réchauffe nos cœurs. Il est l’ami qui nous aide à nous construire dans son amour. Et Jésus n’a pas gardé une sorte de monopole de l’autorité. Jésus a transmis ses pouvoirs à ses disciples : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples. Nous sommes tous appelés à construire le Royaume du Christ, son Corps, son Église. Nous avons mission, pouvoir, AUTORITÉ, pour le faire chacun dans sa situation, et chacun dans un esprit de service, une mentalité de serviteur.
Bien plus brièvement, parlons de l’AUTORITÉ DES HUMAINS.
-2- L’ AUTORITÉ DES HUMAINS (c’est-à-dire pour les hommes et pour les femmes).
Commençons par penser à notre Pape François : successeur de Saint Pierre et chef de l’Église Catholique… Il est CHEF, avec l’AUTORITÉ. Mais qu’est-ce que nous apprécions le plus en lui ? N’est-ce pas, pour les croyants, pour bien des incroyants, la dimension du SERVITEUR, sa simplicité, son humilité, ses contacts, sa proximité, auprès des plus pauvres… son langage souvent très simple, imagé.
Je me permets de proposer un temps de réflexion, de dialogue, entre grands-parents, entre parents, à partir de quelques questions très concrètes :
- comment avez-vous exercé, comment exercez-vous, votre AUTORITÉ PARENTALE ?
- en quoi, comment avez-vous exercé ou exercez-vous actuellement, auprès de vos enfants, un véritable « SERVICE PARENTAL » ?
Est-ce que l’AUTORITÉ est suffisante ou excessive ? Est-ce que la dimension du SERVICE est suffisamment prise en compte… sans pour autant faire des enfants tellement gâtés, qu’il auront des difficultés pour devenir autonomes
?
Et dans quelles situations peut-elle s’exercer ?
-3- LA DIVERSITÉ DES SITUATIONS
Dans la 2e lecture Saint Paul dit « comme j’aimerais vous voir libres de tout souci ». Et Saint Paul semble alors valoriser énormément le célibat qui permet de se soucier d’avantage des affaires du Seigneur.
Il faut se souvenir que Saint Paul écrit aux Corinthiens à une période où l’on attend pour bientôt le retour définitif du Christ Ressuscité, et la fin du monde ! Alors pourquoi s’engager dans le mariage ? Pour reprendre une triste circonstance d’actualité, en comparaison : imaginons-nous dans une zone inondable, et inondée. Il y a déjà 10 cm d’eau dans la maison, et on annonce que ça continueras de s’aggraver aujourd’hui et dans les jours suivants… Imaginez que la maman dise : « Avec tout ça, je me demande comment nous allons recevoir les enfants qui doivent venir manger dimanche prochain. » Vous devinez quelle serait la réplique du mari : « Mais arrête de penser à Dimanche ! Commence par donner un coup de main pour rehausser les meubles et monter ce qu’on peut à l’étage ! » De même pour Saint Paul : « Ne vous souciez pas des activités de la vie ordinaire, de vos petits projets personnels ! La fin du monde est toute proche… dès maintenant vivez au maximum dans l’amour et le service du Seigneur ! »
Ne vous laissez pas accaparer par vos petits projets terrestres. Préparez vous surtout pour la vie éternelle. C’est le plus important, le plus urgent.
Oui, les paroles de Dieu de ce 4e dimanche, elles nous invitent à poursuivre nos réflexions personnellement, en famille, sur ces 3 dimensions :
- l’autorité de Jésus,
- l’autorité des humains
- et la diversité des situations.
AMEN !
PRÉSENTATION DES VŒUX DU PÈRE PIERRE BOIDIN
Chers amis,
2018 : il est déjà bien loin l’an 2000… et une ère vraiment nouvelle, tant espérée !
A 82 ans, ma vie connaît un calme relatif. Aussi, en réponse aux courriers et aux vœux reçus, partagés, j’en resterai à quelques réflexions récentes que vous pourrez apprécier, contester, ou mieux, compléter.
- JOHNNY
Je n’ai jamais été « fan de lui ». Mais on ne saurait attribuer au hasard la présence d’un million de personnes venues à ses funérailles, à Paris, à la Madeleine, ni les 15 millions de téléspectateurs qui les ont suivies. Ayant apprécié l’ensemble de l’éditorial paru dans le quotidien LA CROIX, du 11 décembre 2017, je vous le propose !
« La France reste un pays catholique. Les funérailles de Johnny Hallyday viennent une nouvelle fois de le montrer. Un pays catholique ne signifie pas un pays ou 90% des habitants vont à la messe. C’est un pays imprégné de la culture, des symboles, des sacrements catholiques. On finit par oublier que la fois n’est pas réservée à un petit nombre de parfaits, une sorte d’élite de croyants, mais doit toucher tout un chacun. »
« La ferveur qui a entouré la célébration à la Madeleine montre que, bien au-delà des pratiquants, le catholicisme peut encore rejoindre les personnes au plus profond de leur quotidien. Le théologien Christoph Theobald parle d’une « fois élémentaire », abondante dans notre pays, qui s’exprime à travers tous ces gestes de fraternité, de solidarité, d’amitié que Johnny savait chanter. Une piété qu’on dit « populaire », qui réunit bien davantage que les chrétiens « confessants » et sait s’inscrire dans tout un ensemble de symboles et de rites. »
« Dans ces funérailles, il s’est dit l’essentiel de la foi chrétienne : l’espérance. L’émotion, le chagrin, l’amour qui transparaissaient dans cette foule exprimaient mieux que tout discours que la mort n’aurait pas le dernier mot. C’est à ce moment où nous sommes atteints par la mort que nous avons besoin d’éprouver, collectivement, cette radicalité lumineuse. Il est heureux que l’Eglise sache être présente dans ces moments là. »
- Un autre enterrement : LES RICHESSES D’UNE VIE DANS UN QUARTIER DE MEUDON :
« Dernièrement, une voisine est décédée à l’âge de 92 ans. Quelle surprise de voir les gens du quartier émus par le départ de cette vieille femme que l’on ne voyait plus depuis quelques mois ! Qu’elle ne fut pas notre surprise de voir l’église de Meudon remplie de gens de nombreuses nationalités, différentes religions. Nous avons été touchées de voir des arabes prendre place dans l’église. L’épicier et sa femme marocains, disaient : « c’était notre mère à tous ». Nous avons découvert que Madame Laumet était une femme pleine d’humanité dans ce quartier défavorisé, posant des gestes de bonté, accueillant chez elle, aidant certains à se loger, d’autres à trouver du travail. Pas son départ, elle nous a rassemblés et nous avons prié ensembles, musulmans, orthodoxes, protestants, catholiques. Notre joie était grande d’être mêlées à un tel événement ! Voir ce que nous avons vu ! Entendre ce que nous avons entendu autour d’un cercueil ! La lumière brillait dans les yeux remplis de larmes. La paix était là. La vie était là. »
Par ailleurs, ces temps-ci, j’ai réfléchi sur 2 sujets :
- LA VIEILLESSE
Pendant 60-70 ans, j’ai reçu des multiples « leçons » sur la vieillesse… en voyant grands-parents, parents, famille, amis, vieillir progressivement en accumulant limites et faiblesses, physiquement, mentalement.. Mais en réalité, je ne me sentais guère concerné, comme si tout cela ne pouvait arriver un jour qu’aux autres ! Et puis, un jour, j’ai dû constater que la vieillesse me concernait et que je ne l’avais jamais envisagée sérieusement, malgré toutes les « leçons de vie » reçues des autres ! De tout façon, la vieillesse arrive sans qu’on la désire… A travers ses limites croissantes, on accepte d’être un « ancien » à l’image de ceux que nous avons connus ou que nous côtoyons encore. Une conclusion pour les plus jeunes : « Vivez pleinement votre vie, soyez optimistes et, même insouciants, parfois. La vie passe vite, elle est succession d’adaptations ! » Vivons le plus pleinement possible chaque étape !
- LA TRANSMISSION
Ma génération, dans son ensemble, a beaucoup reçu des parents, des grands-parents : ce sont des valeurs morales, spirituelles, qui donnent sens à la vie en famille, en société, en Eglise… Ce sont des « savoir-faire » !
Mais aujourd’hui ? Quand Papy ou Mamie, et, parfois, Papa ou Maman, ont des problèmes avec le smartphone, internet, la tablette, … qui les dépannent le plus souvent ? Leurs enfants ou leurs petits-enfants ! Qu’en est-il advenu de la transmission aux enfants, par les anciens, des bases du jardinage, du bricolage, de la cuisine, du tricot, de la broderie ? Bien souvent, ça ne les intéresse pas… C’est pas leur faute ! Ils n’ont vraiment pas le temps … tellement ils sont captivés… par les écrans !!!
BONNE ANNE 2018, sans trop d’écrans, en vivant les propositions qui suivent.
Je les ai reçues et vous les partage !
Des sourires, pour chasser la tristesse,
De l’audace, pour que les choses ne restent jamais en place,
De la confiance, pour faire disparaître les doutes,
Des gourmandises, pour croquer la vie,
Du réconfort, pour adoucir les jours difficiles,
De la générosité, pour le plaisir de partager,
Des arcs-en-ciel, pour colorer les idées noires,
Du courage, pour continuer à avancer !
Bonne Année à tous.
Très Cordialement
Pierre Boidin