Homélie du diacre Hervé Canart du 11 février 2018, journée mondiale des malades

L'association AEICW
12 février 2018

Homélie du diacre Hervé Canart du 11 février 2018, journée mondiale des malades

Homélie du diacre Hervé Canart,
médecin,
pour le 11 février 2018,
journée mondiale des malades.

Lv 13, 1-2.45-46, Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11, 1 Co 10, 31 – 11, 1, Mc 1, 40-45

Depuis 1992, l’Eglise Universelle célèbre tous les 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, la Journée Mondiale du malade. Son thème cette année est : « Mater Ecclesiae » « “ Voici ton fils … Voici ta mère ”. Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui » (Jn 19, 26-27).

En cette journée du malade, les textes du jour nous parlent de lèpre, à l’époque de Jésus. Mais la lèpre à notre époque est toujours d’actualité : le 28 janvier dernier était journée mondiale de la lèpre. Malgré l’existence d’un traitement efficace, des milliers de nouveaux cas sont recensés chaque année : 1 cas toutes les 5 minutes. Maintenant nous savons que cette dernière semble être transmise par le contact avec des personnes infectées. La maladie touche la peau, les nerfs les membres et les yeux. Donc c’est une maladie repoussante, invalidante et mutilante.

La première mention écrite connue de cette maladie remonte à 600 av J-C : c’était un fléau marqué par la stigmatisation et l’exclusion : exclusion sociale, humaine mais aussi la privation du culte, car le lépreux n’avait plus le droit de rentrer dans les synagogues.

Pourquoi dans la première lecture, celle du Lévitique, faut-il aller voir le prêtre si on est atteint ? Au temps de Jésus, la maladie était synonyme de punition, et l’on pensait que la personne malade méritait le drame qu’elle connaissait dans sa chair. Et donc l’intervention de Dieu seule pouvait purifier le corps malade. Seul Dieu pouvait lever la punition qu’il avait fait tomber sur le malade.

Nous entendons moins cette phrase actuellement, mais les plus anciens ont souvent entendu : « mais qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter cela ? » ! Tous ici, baptisés, enfants de Dieu, savons que Dieu n’est pas à l’origine du mal, bien au contraire.

Un petit rappel : Qu’est-ce que le Lévitique ? Ce livre, moins bien connu, et il est vrai un peu austère, traite des prescriptions relatives à la conduite, au culte, mais aussi : la pureté, la propreté, l’hygiène et la santé. Le malade y est traité assez durement. Le grand prêtre décidait, au nom de Dieu, qui était pur et qui était impur.

Dans l’évangile de ce dimanche, nous assistons à une double TRANGRESSION de la Loi. Le lépreux ose se TOURNER vers Jésus, qui alors,  SAISI DE COMPASSION, au lieu de rester distant, le TOUCHA, ce qui était interdit, au risque d’être touché par la maladie, et donc atteint par la condamnation de Dieu. Et de plus Jésus le guérit, ou plus exactement, le PURIFIE. Seul Dieu pouvait purifier, (donc seul les prêtres pouvaient attester de cette purification divine). La purification c’était enlever la condamnation divine en rapport avec le mal pour lequel le pêcheur était condamné.

Et en complément de cette double transgression Jésus l’envoie se présenter aux prêtres, pour que ceux-ci actent de ce témoignage de purification, en prenant la Loi de Moïse comme argument. Le malade ainsi guéri pouvait ainsi regagner sa DIGNITE.

Mais au lieu de garder cela secret aux gens, il va traverser la ville, pour transmettre, non plus la lèpre, mais la nouvelle (on pourra dire la BONNE NOUVELLE).

Question ? Quelle est la lèpre de nos jours ? Quelle maladie pourrait être comparée à ce fléau ?

Certains pensent peut-être au SIDA, maladie contagieuse, d’origine virale. Rappelez-vous dans les années 80, de manière infondée, il ne fallait pas toucher une personne qui avait le SIDA. Elle était aussi déjà jugée, responsable d’un faute, dont le SIDA en aurait été la preuve. Là aussi on parlait de fléau, marqué par la stigmatisation et l’EXCLUSION : exclusion sociale, humaine…

Mais dans notre quotidien : lorsqu’un proche ou nous-même sommes touchés par la maladie, pensons-nous à nous TOURNER VERS DIEU pour qu’il soit SAISI DE COMPASSION ? OSONS-nous, comme le lépreux de l’évangile, nous tourner vers Lui, pour qu’il nous MONTRE SON VISAGE D’AMOUR ? Même si je vous le conseille, je vous recommande quand même d’aller consulter aussi votre médecin sans tarder !

Actuellement, l’épidémie de grippe, et de gastro-entérite, se terminent enfin ! Et quels sont les conseils ? LAVEZ-vous les mains ! PURIFIEZ-vous en quelque sorte !

Et quelle lèpre voit-on aujourd’hui ? Quelles sont les taches visibles témoignant de ce mal ? Les taches du mal sont peut-être moins visibles, extérieurement, de nos jours. Le PÉCHÉ est certainement une forme de lèpre d’aujourd’hui, une maladie qui ne se voit pas toujours extérieurement. Mais qui ronge, qui détruit l’homme et qui peut-être aussi contagieux…

Si Marc utilise le mot, PURIFICATION, ce n’est pas par hasard. Il aurait pu dire « guérison », comme nous l’avons déjà entendu pour d’autres miracles. Mais la purification est essentielle pour l’évangéliste.

Comment pouvons-nous nous purifier ? Nous avons un sacrement adapté : la RÉCONCILIATION ! Certains ici préfèrent utiliser ce remède au mal en dose homéopathique. Mais non ! N’ayons pas peur d’en user et abuser, osons nous tourner vers Dieu, qui nous touche au plus profond dans le sacrement de réconciliation. Le pape François se confesse lui toutes les semaines ! Aurait-il plus de péchés que nous à confesser à Dieu ? Une amie de disait : « Me confesser ? Pourquoi ? Je me sens bien ! Je n’ais pas de coin d’ombre. Je n’ai pas besoin de me laver spirituellement. Je n’ai pas besoin que Dieu entre dans ma vie pour me dire ce qui est bien. » Oui, certains de voient plus le péché dans leur vie ! Bien malheureux sont-ils ! Écoutons le psalmiste qui nous dit : « Heureux l’homme dont la faute est enlevée ! »

Mais revenons à notre lépreux. Question ? Et vous, qu’auriez-vous fait, en pareil cas ? Vous vous seriez jeté au pieds de Jésus ? Auriez-vous la foi de ce lépreux ? Lui auriez-vous demandé d’être purifié ? Et une fois la maladie écartée, auriez-vous comme notre lépreux proclamé en partant la bonne nouvelle de votre guérison ? Ou seriez-vous restés reconnaissant mais silencieux ?

Et bien, justement, c’est à cette purification que nous sommes appelés. Comment ? En transformant nos cœurs parfois malades.

Et si nous commencions par reconnaître notre maladie, comme au début de cette célébration : « je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères que j’ai péché … »

Il est plus facile de voir les taches sur les personnes qui nous entourent (voisins, collègues, et même dans la famille). Quelles sont les taches ? Peut-être pouvons nous les associer à des manques, des défauts, des péchés ?

Définition du PÉCHÉ : c’est de prendre pour dieu ce qui ne l’est pas : argent, pouvoir, plaisir ou sexe.

Selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite, il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu, notre prochain, à cause d’un attachement excessifs à certains biens. »

Comme le dit le psaume 51 : c’est une offense à Dieu : « Contre Toi, Toi seul, j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait ! »

Alors, vous allez me dire : « mais moi, je ne suis pas comme ça ! » C’est ce que disait en quelque sorte mon amie dont je viens de vous expliquer les propos. Cette attitude d’ignorance de son propre péché, le pape Pie XII l’avait discerné : il disait : « Le péché de ce siècle est la perte du sens du péché ». Le péché, maladie de l’âme, nous dit PASCAL IDE, dans son livre « 7 péchés capitaux ».

Le remède fait donc appel à notre VOLONTÉ, par une demande, un désir de conversion qui doit se concrétiser.

ON NE LUTTE EFFICACEMENT CONTRE LE MAL QU’EN S’ATTACHANT AU BIEN QUI LUI EST CONTRAIRE.

Dieu a donné à certains d’entre nous la patience, la force, la capacité, de prendre soin des malades. Sans les bénévoles (Service évangélique des malades, Action catholique des milieux sanitaires et sociaux, Communauté Foi et Lumière, Aumônerie catholique des établissements de santé, …), les infirmières, les médecins, ne pourraient pas visiter, aider, écouter, les personnes seules, hospitalisés, ou sans abri.

Une journée de reconnaissance paraît bien peu en regard du travail fourni pendant toute l’année.

Qu’ils en soient vivement remerciés et bénis, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

 

EN COMPLEMENT : voici un document important :

Le message du Pape François
pour la journée des malades 2018

Dieu notre Père,
Jésus, le Christ nous a dévoilé ton visage.
Visage d’amour et de tendresse,
de douceur et de miséricorde.
Visage défiguré, torturé, humilié.
En Le contemplant, c’est Toi que nous découvrons.
Aujourd’hui Tu te donnes à voir dans les visages
de ceux que Tu mets sur nos routes.
Visages rieurs ou souriants, Fatigués par le temps,
Abîmés par la maladie,
Désespérés par la vie.
Donne-nous de savoir Te reconnaître
Et donne-nous ta tendresse
pour les rencontrer vraiment.

Prière de Chantal LAVOILLOTTE