Homélie du Père Pierre Boidin du dimanche 10 septembre 2017

L'association AEICW
11 septembre 2017

Homélie du Père Pierre Boidin du dimanche 10 septembre 2017

Homélie du Père Pierre Boidin
du dimanche 10 septembre 2017

23e dimanche du Temps Ordinaire – année A

Ez 33, 7-9 – Ps 94 (95)1-2, 7ab-8a, 9 – Rm 13, 8-10 – Mt 18, 15-20 – 

Une nouvelle année est lancée.

La Rentrée scolaire est faite, la Reprise est en cours dans les entreprises, les administrations, les usines et sur les chantiers. Avec les R de Rentrée, Reprise, allons-nous repartir dans l’R de la Routine ou au contraire dans l’R d’un Renouveau ? Pour tous ce pourra-t-être une année de RENOUVEAU si nous nous donnons les objectifs suggérés par les 3 lectures de ce jour, c’est-à-dire mieux AIMER, mieux COMMUNIQUER, et mieux PRIER.

-1- MIEUX AIMER

Dans la 2e lecture, Saint Paul nous précise que nous n’avons qu’une dette envers les autres : celle de l’amour mutuel. Il explique que celui qui aime les autres a pleinement accompli la loi… le plein accomplissement de la loi, c’est l’amour.

Finalement, la loi, les commandements, se résument à cette parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi même ». Donc, quand je respecte la personne et les biens des autres, je vis dans la vérité, la lumière, la force… de l’Amour. Tout faire par amour, avec amour, guidé par le Christ, ce n’est cependant pas toujours facile. Je pense, par exemple, à la CONDUITE AUTOMOBILE. L’idéal est de respecter la loi, le code de la route, par amour, par respect de cette vie que Dieu m’a donnée, fidélité au code par amour de mes passagers, des autres usagers de la route, pour que la voiture qui nous est si utile, ne devienne pas un instrument qui blesse, qui handicape, qui tue… Et j’avoue que malgré ces fortes convictions, il m’est arrivé, quand j’étais plus jeune, de « lever le pied » plus par la peur d’un contrôle routier, ou à la vue d’un radar, de policiers, de gendarmes… et alors, l’amour des autres n’était plus ma principale motivation : c’était la peur d’un amende, mais c’était efficace !

Volontiers, je cite la réponse que l’Abbé Pierre avait donné à un jeun qui lui avait demandé : « L’Abbé, la vie, c’est quoi pour vous ? » – « Tu vois, la vie, c’est un peu de temps donné à tes libertés, pour, si tu veux, apprendre à aimer ». Oui, toute la vie est apprentissage, perfectionnement de l’amour. »

Toujours mieux aimer ! Je pense à Bakhita, une Sainte canonisée en 2000 par Jean-Paul II. Au 19e siècle, elle avait été vendue comme esclave sur un marché soudanais et, revendue, violentée à plusieurs reprises, elle se retrouve en Italie et devient libre, car l’esclavage n’existe pas en Italie. Elle est donc enfin libre. Un chrétien lui fait découvrir le christianisme et elle, une fille noire, qui n’a aucun lien avec sa famille, dont elle ignore le nom et la région d’origine, souhaite recevoir le baptême et autres sacrements. Pourquoi ? Parce que lorsqu’elle comprend ce qu’elle partage avec le Christ, Bakhita est émerveillée et demande à devenir, je la cite : « la fille d’un père qui ne l’abandonnera jamais »… Et elle passera les 50 années qui lui restent à vivre, dans un couvent de Venise, chez les sœurs de la charité, toute dévouée aux enfants fragiles et souffrants.

Mais pour vraiment bien aimer, mieux aimer, en permanence, il est indispensable de MIEUX COMMUNIQUER.

-2- MIEUX COMMUNIQUER

Communiquer, c’est parler, c’est dialoguer, c’est accueillir, essayer de comprendre la parole, le vécu, les ressentis de l’autre, et ce n’est pas toujours facile ! Chaun a son caractère, parfois ses prétentions, pour vouloir imposer aux autres ses idées, ses choix personnels, plutôt que de chercher à comprendre les souhaits, les besoins, les capacités des autres.

A L’ECOLE, la communication doit être bonne, ouverte, à tous les niveaux : entre enseignants, entres les élèves, dans les rapports enseignants-élèves, enseignant-étudiants, sans oublier la place et le rôle des parents.

Bien communiquer pour mieux s’aimer, ce doit aussi être un objectif permanent en FAMILLE. S’écouter, s’accueillir, s’entraider, ça suppose une organisation, et des habitudes telles que des repas habituellement sans télé, une véritable écoute de chacun … sans forcer le dialogue, … dans le respect de l’intimité de chacun… Le dialogue c’est l’apprentissage du respect, de la délicatesse envers l’autre, avec des mots et gestes tout simples que j’ai déjà évoqués : se dire : « bonjour », le matin et « bonsoir », le soir. Dans la journée : « s’il te plaît », « merci », « pardon », « excuse-moi ». C’est le B A BA de la vie sociale, y compris dans la vie professionnelle et entre chrétiens, dans tout groupe, quartier, ou association. Un fait vécu m’a été rapporté par un témoin en vacances en Alsace. Dans une charcuterie le patron offre à une fillette de 6-7 ans une tranche de saucisson. Manifestement, le boucher attend un « merci ». La maman l’a très bien compris, et elle ose dire aussitôt au boucher : « Vous l’excuserez, à l’école, on ne lui a pas encore appris à dire : « merci » ! … Mais où va-t-on ? Regardons plutôt où certains en sont arrivés !

C’est vrai, dans les homélies, je peux vous sembler m’intéresser trop à la vie simplement humaine, ordinaire, sans approfondir assez la vie spirituelle, la vie chrétienne. C’est que, comme je le dis aussi lors des quelques baptêmes que je célèbre encore : « si la vie humaine n’est pas solide, la vie chrétienne ne sera pas solide, elle n’aura de terrain favorable pour bien s’enraciner. Et si vous n’êtres pas concernés, tant mieux ! Faites passer les messages autour de vous.

L’Evangile d’aujourd’hui nous a montré que parfois la communication est très difficile et l’on peut aussi se faire aidre par d’autres pour susciter d’avantage de compréhension, pour favoriser des réconciliations. Il peut y avoir des personnes qui nous aident, tel Nelson MENDELA qui disait, après avoir été emprisonné, bafoué, humilié par ses geôliers, pendant 27 ans : « j’ai toujours refusé d’avoir en moi de la haine ». Sommes-nous convaincus des paroles toutes simples et si fortes qu’il exprimait, comme celle-ci : « un noir vaut un blanc, et un blanc vaut un noir ». Et cette phrase de Dominique QUINIO qui fut une remarquable journaliste de LA CROIX ; je la cite : « Les couples et les familles qui se sentent exclues espèrent DES MAINS QUI SE TENDENT PLUTÔT QUE DES MOTS QUI REJETTENT ! »

Et nous saurons mieux AIMER, mieux COMMUNIQUER, si nous avons le soucis de toujours MIEUX PRIER.

-3- MIEUX PRIER

Prier, ce n’est pas seulement « demander à Dieu », ce devrait plus encore remercier, louer Dieu, nous émerveiller devant l’Univers, devant la mer, un beau paysage, pour des grâces reçues, pour la beauté de la vie humaine. C’est la force, la lumière et la joie que nous donne l’Eucharistie.

Et n’oublions pas la dernière phrase de l’Evangile d’aujourd’hui. C’est Jésus lui-même qui nous dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je sui au milieu d’eux. »

Et puis, comme bien des croyants de l’Ancien et du Nouveau Testament l’ont fait, nous pouvons questionner Dieu, lui partager nos questions, nos révoltes, nos incompréhensions, face à de si douloureux événements collectifs que sont les cataclysmes, les ouragans, les tremblements de terre, comme dans les Caraïbes, à Saint-Barthélémy, à Saint-Martin (qui sont des territoires français), et qui s’étendent ailleurs… Nous pensons au tremblement de terre survenu au Mexique.. Tous ces cataclysmes bouleversent le sens que notre Pape François voulait donner à son voyage : affermir une grande réconciliation en Colombie. Ce sont les foules qui fuient par précaution le Sud de la Floride comme on fuit un pays en guerre… alors que sont loin d’être effacés les ravages des inondations au TEXAS… Oui, prions, mais aussi agissons, partageons.

Réfléchissons aussi sur le sens de la vie, au milieu de ces drames. Se retrouver dans un quartier, une ville, un village, en ruine à 90-95%, sans eau, ni électricité, c’est une répétition, à l’envers, de la mort. Nous avons l’habitude de dire que la mort nous fait tout quitter, tout abandonner : conjoint, famille, maisons, confort et toutes nos richesses : « On a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard ». Ici, c’est la mort à l’envers : quand on a tout perdu, quand on n’a plus que des ruines autour de soir, quand la maison n’est plus qu’un gigantesque « encombrant », ce sont tous nos biens qui nous ont quittés. Dépouillés de tout, les habitants sont encore en vie. La vie prend alors plus de sens. Au-delà de notre compassion, de nos actions, de notre prière, pour toutes les victimes, nous pouvons aussi, sous le regard de Dieu, nous interroger sur le sens que nous donnons vraiment à notre passage sur la terre…

Au regard des drames mondiaux actuels, l’annulation de la Fête du Parc, prévue à Wimereux pour ce dimanche, elle n’est plus qu’un contre-temps mineur… même s’il est plus pénible pour celles et ceux ont dû renoncer après des semaines, des mois de rencontres, de préparations, jusqu’au renoncement d’avant-hier… Cela ne doit pas nous pousser à abandonner l’écologie, la volonté de construire une société qui respecte la nature, pour en faire un monde solide, plein d’avenir, à transmettre aux générations suivantes, avec des terres, des mers, des fleuves, des rivages, en bon état, pour l’humanité entière, comme Dieu le souhaite.

Prier, c’est puiser AMOUR, LUMIERE, et FORCE en notre Dieu-Trinité, unique source de l’AMOUR.

EN CONCLUSION, en résumé : soyons motivés, pour mieux AIMER, mieux COMMUNIQUER et mieux PRIER.

AMEN !