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Association d’Art Sacré : La Nef (1935-1939)

La Nef : Outre les raisons matérielles, et aussi le climat de ces années d’avant-guerre, c’est peut-être un certain idéalisme social qui a poussé le jeune Henry Lhotellier à tenter l’intégration (*) de l’oeuvre à un contexte, en préférant, dès 1935, le vitrail au tableau. C’est ainsi qu’il est encouragé en 1935 par Félix Del Marle « qui, à la tête d’un groupe d’artistes laïcs (Henry Lhôtellier, peintre; Pierre Drobecq, architecte; Dr Henri Gros, orfèvre…), crée à Boulogne une association, « La Nef », avec les ateliers d’art sacré des moines de l’abbaye bénédictines de Wisques (Paul Bellot, « poète de la brique » ; François Mes, peintre…), conduits par l’Abbé Dom Savaton. » (1)

(Révérendissime Père Dom Augustin Savaton, Abbé de Wisques – Document de Michel Cabal)

(* : L’intégration des arts sous-tend une grande part de la création religieuse au XX° siècle. Théorisée depuis le début du siècle, elle est vue comme un travail harmonieux des différents intervenants, dans l’esprit des artisans des chantiers des cathédrales. L’utopie d’une synthèse des arts connaît son apogée entre-deux-guerres. Des groupements d’artistes religieux se créent alors, mus par la volonté d’une collaboration des uns et des autres au service de la liturgie. Dans le Nord par exemple, la Société Saint­ Marc, composée d’artistes chrétiens de la région, est fondée en 1927. Si la synthèse des arts est un objectif pour ces artistes, c’est avant tout un moyen de lutter contre la prépondérance de l’art commercial dans les églises. Quelques architectes et artistes tentent à la Reconstruction d’aboutir à une synthèse des arts.)

Cette association est présidée par Monseigneur Dutoit (cf photo), et « est placée sous le regard bienveillant de l’abbé Lestocquoy, historien régionaliste et membre influent de la Commission des Monuments Historiques du Pas-de-Calais. Elle sera très active dans le Nord de la France des années 30. »(1). « La Nef », dont Henry Lhotellier est secrétaire, se propose de renouveler l’art sacré en y faisant entrer l’art contemporain pour ainsi combler le iatus existant entre l’art sacré et l’art contemporain auquel les esprits semblaient réfractaires depuis plus d’un demi-siècle. Cette intégration se fait en l’adaptant à la liturgie. Cet art contemporain sera ainsi promu sous ses différentes formes. C’est par l’intermédiaire de cette association que Henry Lhotellier réalise à partir de 1935 ses premiers  vitraux importants, pour l’église de Quercamps.

NB : on notera l’adresse du siège social, qui est celle des ateliers d’Henry Lhotellier (Document transmis par Michel Cabal)

Les buts de cette association sont les suivants (comme nous l’explique les extraits de documents ci-dessous relatant les statuts de l’Association, transmis par Michel Cabal) :

« La Nef » attirera plusieurs artistes : Maurice Denis, les architectes et décorateurs Pierre Drobecq, Raoul Bryggo… Cette association est un atelier issu des ateliers d’art sacré qui ont vu le jour surtout dans la région parisienne après la création de la « Revue d’Art Sacré » par Joseph Pichard, Louis Salavin et G. Mollard en 1935, rejoints par la suite par Maurice Denis, Georges Desvallières et Paul Claudel. En 1936, la « revue » connaît des problèmes financiers et fut transférée aux éditions du Cerf en 1937, pour être dirigée par deux Pères dominicains : le Père Couturier, et le Père Régamey. C’est sous l’impulsion du Père Couturier que ce mouvement prendra encore plus d’ampleur dans les années suivantes.

(Couverture de la revue mensuelle « L’Art Sacré » n°7 de janvier 1936 – transmis par Michel Cabal)

En 1938, la NEF organisa un Salon d’Art Marial à Boulogne-sur mer en parallèle au congrès marial national. Une affiche a ainsi été créée pour cette occasion par Félix Del Marle (cf document : source : Catalogue Retrospective dessins estampes livres illustrés 1996).

 

(Ci-dessus : gravure de Fr. Mes)

Listes des oeuvres de l’exposition du Congrès Marial National de Boulogne-sur-mer de 1938 (document transmis par Michel Cabal) : 

En 1937 et 1938, pour l’église Sainte-Ide à Saint-Martin-Boulogne, construite par l’architecte Drobecq, Henry Lhotellier conçoit deux hautes baies étroites de chaque côté du grand vitrail du chevet, figurant saint Pierre à gauche et saint Paul à droite. Cette construction nouvelle avait été considérée comme le manifeste de l’association. La vaste nef est éclairée par de belles verrières. Henry Lhotellier réalise aussi un médaillon au dessus de la porte d’entrée représentant la Vierge et l’Enfant.

Cependant, les vitraux religieux qu’il réalise de 1935 à 1939 sont pour la plupart des œuvres exécutées dans des délais brefs, selon des critères stricts, des programmes précis, établis par les instances ecclésiales soucieuses de maintenir une tradition iconographique. A l’exception de Sainte-Ide, il a dû se plier le plus souvent aux exigences des commanditaires, ne risquant pas de déranger un public peu ouvert aux innovations.

Il en va souvent de même pour les travaux entrepris dans le domaine civils où ses vitraux ont un intérêt décoratif ; on retiendra surtout qu’il donne des vitraux pour le pavillon de l’Artois de l’Exposition Internationale de Paris en 1937 et pour celui du Pas-de-Calais de l‘Exposition du Progrès Social de Roubaix en 1939, construits par l’architecte Drobecq. Avec le second pavillon, il trouve l’occasion de créer ses premiers vitraux abstraits importants, insérés dans une frise faisant le tour du bâtiment, et n’ayant pas qu’un simple rôle décoratif, mais un intérêt pour elle-même.

Dans ce pavillon du Pas-de-Calais, conçu pour représenter une colonie de vacances à la mer, l’auteur s’est inspiré de l’architecture des stations balnéaires, dont les villas expriment souvent d’heureuses tentatives de rajeunissement de nos styles régionaux. Il s’agit d’un compromis entre la maison flamande et la maison picarde : bâtiment bien coiffé dont les volumes sobres et logiques, sans détails inutiles ni désuets, offrent aux visiteurs un aspect franc, familier que la couleur égaie sans outrance.  Les matériaux sont essentiellement régionaux : tuiles vernissées vertes, murs enduits de ciment à surfaces rugueuses avec quelques pierres du boulonnais, pour en souligner quelques points de construction d’une tonalité rose terre cuite pour les murs et verte pour les bois. L’exposition comprend trois parties : au rez-de-chaussée la halle aux poissons avec un fond décoré par l’artiste boulonnais Brygoo et un hall d’exposition où la qualité remplace la quantité et où se trouvent groupées les industries du département : agriculture et dérivés, dentelles, mines, lingerie, faïencerie, marbrerie, tourisme. Plafond et murs sont décorés par l’artiste Del Marle de Wimereux, les vitraux sont de Lhotellier de Boulogne (cf un exemplaire de vitrail de l’artiste pour ce pavillon).. Enfin au-dessus de la halle aux poissons on trouvera des œuvres de nos peintres du Pas-de-Calais et quelques toiles du Musée d’Arras.

On comptera donc parmi les rangs de La Nef les personnes suivantes (dans l’ordre alphabétique) : R.P. Dom Bellot o.s.b., l’abbé J. Belliard, R.P. Dom Benoît-Castelli, A. de Corbie, Aimé-Félix del Marle (domicilié à la villa « l’Avancée » à WIMEREUX, et à Pont-sur-Sambre), Pierre Drobecq, Harry Gournay (domicilié à La Ruche à WIMEREUX), Dr Gros (ophtalmologiste, 29 rue Saint-Jean à Boulogne), R.P. Dom Guillebaud o.s.b., R.P. Houssain o.s.b., l’Abbé G. Laroche, Mlle de Ledinghen, l’Abbé J. de Lestoquoy, Henry Lhotellier (75 bis rue de la porte Gayole à Boulogne), Mabille de Poncheville, Fr. Marius o.f.m.c., Fr François Mes o.s.b., Louis Petitot, Joseph Philippe, R.P. Dom Joseph Vathaire o.s.b., …

D’autres sociétés d’art sacré ont coexisté : 

La Société Saint-Jean (père Lacordaire, Paris,1839)
L’Arche (Paris,1918)
Les Ateliers d’Art Sacré (Paris,1919)
Les Artisans de l’autel (Paris,1919)
La Société de Saint-Marc (Lille,1927)
Le Groupement Notre-Dame des Arts (Amiens,1927)

 

En 1939, alors que la deuxième guerre mondiale éclate, Henry Lhotellier, mobilisé, est contraint d’arrêter toute activité. Démobilisé en septembre 1940, il s’installe à Paris. Il est employé peu de temps auprès du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme en tant que dessinateur de projet. Il est délégué de ce ministère à l’Agence Française de Normalisation (AFNOR), travaillant avec les architectes Auguste Perret, Jean Fayeton, Pierre Drobecq, Jean-Charles Moreux, sur différents projets de reconstruction et d’aménagement. De par son travail, il entrevoit les diverses possibilités de réelles collaborations entre artistes plasticiens et architectes dans l’élaboration de projets concertés. Mais il constate vite que l’esprit qui prévaut au ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisation n’est pas encore tout à fait mûr pour accepter l’avant-garde ; il y rencontre plutôt « l’esprit des Beaux-Arts ».

« L’association « La Nef » va disparaître dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale et parce que deux de ses animateurs, Pierre Drobecq et Dom Bellot étaient morts en 1944. » (1)

(Chapelle de Notre-Dame de la Garde de Lelinghen, avec la brique de Fr Joseph Philippe, et les céramiques des ateliers de Wisques)

Cependant l’esprit de La Nef restera présent et inspirera nombre d’artistes lors de la reconstruction après-guerre, dont le Révérend-Père Henry Delpierre dans la reconstruction des église détruites par les tirs d’obus autour de l’abbaye de Wisques (Leulinghen, Quelmes, Zudausques), et ensuite lors de son affectation en tant que curé de Wimereux, où il modifiera l’espace liturgique intérieur de l’église de l’Immaculée Conception, selon les canons épurés de l’art sacré des moines de Wisques dont il était issu, en faisant intervenir le maître-vitrier Henry Lhotellier, mais aussi Maurice Rocher pour certains vitraux, et les sculpteur Claude Gruer ainsi que son élève, Nicole Hémard, qui installa son atelier à Wimereux. En 1954, le R.P. Delpierre fit ériger au chevet de l’église de Wimereux l’Oratoire Notre-Dame de l’Univers sur les plans de l’architecte audomarois Joseph Philippe (1902-2000), collaborateur de Dom Bellot (architecte de nombreuses églises et monastères dans la région comme au Sénégal à Keur-Moussa)

« Après guerre, Félix Del Marle devint un chantre de l’abstraction géométrique, Henri Lhôtellier un fervent adepte.

(Félix Del Marle – autoportrait – MoMA New York)

(Félix del Marle : mobilier neoplastique pour Mme Del Marle – Museum für Kunst und Gewerbe, Hambourg)

Quant aux ateliers monastiques d’art de Wisques, ils continuèrent à s’intéresser à l’architecture (via Joseph Philippe) et à la décoration d’édifices religieux (avec le Père Henry Delpierre, le père Goossens (1910 – 1976) architecte, le frère François Mes (1892 – 1983) peintre, le père Roussel (1932 – 1978) poète, le père Houssain (-) dessinateur de vêtements liturgiques et le père Cholewka (né en 1922) maître verrier, et aussi le Père de Vathaire…). Mais ils connurent plus de célébrité avec la fondation de l’atelier de céramique en 1945 avec le père Bouton (1914 – 1980) dessinateur céramiste. » (1)

 

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Sources :

(1) : Michel CABAL, historien et Président de l’Association Culturelle et Historique d’Ardres, d’après ses travaux de recherche sur la Nef en 2010

Vêtements liturgiques et ornementations

Vêtements liturgiques
La paroisse possède une série de vêtements liturgiques de différentes époques. D’avant guerre, date un ensemble complet utilisé pour la célébration des funérailles, comprenant une chape, une chasuble et deux dalmatiques.
Du passage du Révérend Henry Père Delpierre, qui fut un temps moine bénédictin à l‘abbaye Saint-Paul de Wisques, restent des vêtements sacerdotaux réalisées dans les années 50 par les moniales de l’abbaye Notre-Dame, qui jouxte celle des hommes. Ces ornements sont exposés chaque année lors des Journées Européennes du Patrimoine.

CATHÈDRE, STATUES DE ST JEAN et STE MARIE-MADELEINE

STATUES DE ST PAUL et ST BENOÎT

HISTORIQUE

Jusqu’à la fin des années 1970,  le chœur de l’église était orné de deux statues, représentant Saint Jean et Sainte Marie-Madeleine,  et qui encadraient la cathèdre, don de paroissiens au curé de l’époque, le révérend Père Henry Delpierre.

L’origine de ces statues reste inconnue. Ce qui est sûr, c’est qu’elles ornaient en 1954 l’ancien Maître-Autel de l’église, mais des clichés plus anciens montrent qu’elles ne s’y trouvaient pas à l’origine. Lors de travaux de modernisation de l’espace liturgique en 1957/1958, à l’initiative Révérend Père Henry Delpierre (qui fut un temps moine bénédictin à l’abbaye Saint-Paul de Wisques, près de Saint-Omer), les anciens autels sont retirés et remplacés par d’autres, modernes. C’est à ce moment-là que les statues sont placées au fond du chœur, sur deux socles, de part et d’autre de la cathèdre.

Des photos prouvent que les 2 statues étaient toujours en place en 1977, et qu’en 1981, elles avaient disparues. Deux statues, en terre cuite, représentant Saint Paul et Saint Benoît, provenant des ateliers des moines de l’Abbaye de Wisques, les ont, pendant un temps, remplacées. Plusieurs sources ont expliqué que la statue de Sainte Marie-Madeleine avait été dérobée et que celle de Saint Jean avait été confiée au Père Abbé de l’époque de l’abbaye de Wisques, sans doute pour la mettre à l’abri.

Pour identifier Saint Paul, les moines artisans ont inscrit sur le cartouche encadrant l’apôtre : « scio cui credidi » (2e lettre de Saint Paul à Timothée 1. 12) qui signifie : « Je sais en qui j’ai mis ma foi ». La statuaire traditionnelle représente toujours Saint Paul avec une épée, ce qui est le cas. L’épe a été instrument de supplice de saint Paul aux « Tre-Fontane » de Rome, mais symbolise aussi la force et la vigueur du message paulinien qui continue à se maintenir dans les siècles. Il est le fidèle soldat et ambassadeur du Christ depuis sa conversion sur le chemin de Damas (malgré qu’il ait été préalablement persécuteur des chrétiens). Pour plus de certitude dans l’identification, il a été figuré tenant dans sa main gauche un parchemin sur lequel est écrit « ego sum Paulus » (Je suis Paul)

Pour identifier Saint Benoît, les moines ont inscrit sur le cartouche encadrant le fondateur de l’ordre des bénédins (ordre qui est d’ailleurs celui des moines de l’Abbaye de Wisques qui ont réalisé cette statue) et du monachisme occidental, les paroles suivantes : « soli Deo placere » (ne plaire qu’à Dieu seul). Elles proviennent, d’après le Pape Saint Grégoire le Grand, de dialogues que ce dernier a eu avec Saint Benoît lui racontant sa vie (ici : Roma Dialogues livre 2. Prol. 1), et elles inspirèrent la règle de Saint Benoît, toujours en vigueur pour aider ses disciples dans la vie monastique communautaire. Il est représenté ici, comme le plus souvent dans l’art, avec sa crosse d’abbé et sa Règle (livre) sur laquelle on peut lire « Ausculta » qui est le premier mot du prologue de celle-ci : « Ausculta, o filii, praecepta magistri et inclina aurem cordis tui et admonitionem pii patris libenter excipe et afficaciter comple » (écoute, mon fils, les préceptes du maître et tends l’oreille de ton coeur. Reçois volontiers l’exhortation d’un père si mon et mets-la en pratique). Ainsi commence la Règle de Saint Benoît, emprunte de sagesse, d’autorité et de douceur.

Pour découvrir une biographie succincte du R.P. Delpierre, cliquer sur la vignette ci-dessous.

En 2016, dans un désir de restituer le chœur dans son aspect d’avant 1981, un accord est passé avec le Père Abbé actuel de l’abbaye, le Révérend Père Dom Philippe de Montauzan, pour faire revenir la statue de Saint Jean à l’église. Cet accord stipule que la statue, tout en continuant d’appartenir à la communauté bénédictine,  est placée en dépôt dans l’église de Wimereux pour  une durée indéterminée, charge à la paroisse de la remettre à l’emplacement qu’elle occupait sous le mandat du révérend Père Delpierre. La statue regagnera son emplacement originel en septembre 2016, tandis que les statues de terre cuite de l’Abbaye de Wisques ont été précieusement déplacées dans la sacristie, aux côtés d’autres statues de saints…

Afin de compléter le chœur et lui permettre de retrouver son aspect d’origine et son intégrité, il est décidé de faire réaliser une nouvelle statue de Marie-Madeleine, en remplacement de celle disparue. Pour ce faire, le travail est confié à un sculpteur, élu meilleur ouvrier de France en 2007, et qui a son atelier à Belle-Île en-Mer : Monsieur Thierry Gillaizeau. Il lui faudra 180 heures de travail pour réaliser la sculpture de chêne, mesurant 80 cm. C’est au cours de la messe du 5ème dimanche de Pâques, le dimanche 14 mai 2017, que la nouvelle statue est bénie par l’abbé Jean-Pierre Boutoille, curé de la paroisse.

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