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CLAUDE & MARIE-MADELEINE GRUER 

(Cliquer sur les photos pour une visualisation optimum de chacune)

Claude Gruer, était sculpteur à Solesmes (Sarthe). Il fut compagnon de l’ivoirier Fernand Py, et disciple d’Henri Charlier, un des plus importants artistes chrétiens de l’entre-deux-guerres. Sa femme, Marie-Madeleine, était responsable de la polychromie de leurs créations. Ils ont ainsi fait oeuvre commune pendant près de 70 ans.

Né à Paris, et ayant grandi à Tours, Claude Gruer est arrivé à Solesmes en 1943 à l’âge de 20 ans. Il y a rencontré Raymond Dubois, sculpteur habitant Juigné, dont il est devenu l’élève. En 1946 Il a épousé Marie-Madeleine Barbet qui suivait aussi les cours de sculpture de Raymond Dubois, après avoir fréquenté à Paris l’atelier du peintre Maurice Denis. Avec leurs sept enfants (tous nés à Solesmes), la maison était remplie de musique, chacun avec son instrument ou sa voix. Jérôme, leur petit dernier, porteur de handicap, les entraînera dans une autre aventure que, toute leur vie, ils mèneront de front avec leur création artistique…

Claude Gruer était en lien avec certains moines artistes de l’abbaye de Solesmes (Dom Paul Le Corre, Dom Georges Saget, Dom Henri Delaborde), et Père-curé de Solesmes,  Dom Edouard Clerc, avec lequel il mena à bien la restauration de l’église paroissiale. Il s’était fait un nom dans le monde de l’art religieux. Le curé de Wimereux, R.P. Henry Delpierre, très lié aussi avec les moines de Solesmes, a donc sollicité sa contribution à la restauration visionnaire de l’église de l’Immaculée Conception, entre 1954 et 1968, pour laquelle il a réalisé :
– le chemin de croix,
– le bas-relief « les disciples d’Emmaüs » sur le pied du maître-autel,
– l’Ange de la Vérité, tuant par le glaive de la parole, le serpent-malin,
– la Vierge à l’Enfant, dans l’oratoire extérieur appelé « Chapelle Notre-Dame de l’Univers ».

Pour explorer les oeuvres de Claude Gruer présentes à l’église de Wimereux, cliquer sur les icônes suivantes : vous quitterez cet article pour être redirigé vers les articles correspondants :

Son Chemin de Croix pour l’église de Wimereux est une réalisation en quatorze stations sculptées dans de la terre, cuites, puis polychromées par son épouse. L’artiste y offre un parcours liturgique original qui séduit les regards et suscite l’émotion. Cette œuvre, et celles du même type qu’il a réalisées, fait écho à la réflexion de Paul Claudel sur cet événement de la vie du Christ, et a suscité en 1976 la publication d’une édition (par Normand et Cie) du « Chemin de la Croix » de l’écrivain, illustrée de photos du Chemin de Croix de Claude Gruer.

Paul Claudel était passé par l’Abbaye de Solesmes, puis par celle de Ligugé. Il a cherché à partager son expérience de prière. Il a entretenu une correspondance avec des convertis ou des chercheurs de Dieu du renouveau catholique qui s’est fait jour durant la première moitiés du XXe siècle. C’est en hommage à ces deux créateurs que nous vous proposons de suivre le chemin de Croix de l’église de Wimereux, avec la méditation de Paul Claudel, que vous trouverez à la fin de cette présentation.

Claude Gruer a également réalisé des œuvres profanes : avec des architectes, il a notamment imaginé des œuvres pour des villes comme Lisieux ou Angers.

Le visiteur attentif qui parcourt le village de Solesmes peut y découvrir, ici ou là, un Saint bien abrité dans sa niche, une Vierge dominant la fontaine ou encore, fixés sur quelque pignon ou façade, des groupes de personnages dont on ne saurait dire s’ils sont l’œuvre d’un artiste contemporain ou s’il faut chercher leur origine dans les siècles qui nous ont précédés ! En réalité, il sont tous les « enfants » de Claude Gruer.

Dans son atelier régnait une atmosphère de travail. Sur la table, des « pains » de glaise grise soigneusement enveloppés pour éviter le dessèchement, des statuettes qui semblaient être là pour encourager le sculpteur à continuer son œuvre, des objets en cours de finition de peinture, des dessins, des maquettes, des photos de certaines réalisations, quelques outils en buis, érodés parce qu’ayant déjà beaucoup servi. Mais son outil principal, ce fut ses mains, fortes, râpées, car elles exécutaient le travail qui donna forme à des personnages, à des bateaux, à des oiseaux, à des instruments de musique : «  je fais des bandes dessinées ! » (cf ci-contre : « Le Musicien Flûtiste » – Mairie de Solesmes)

Son inspiration était variée, et le fruit d’une longue réflexion. S’il avait besoin d’être seul, de travailler en secret, c’était pour chercher au fond de lui-même l’essence de sa propre vie, de sa propre culture qui allait rejaillir sur ses œuvres, « l’inspiration est le fruit d’un travail quotidien » pouvait-on lire sur une discrète pancarte au mur de son atelier. Ainsi, celles-ci, au gré des commandes, furent des scènes bibliques ou évangéliques, des fresques avec musiciens et chanteurs qui nous feraient presque entendre la musique de Monteverdi, des frises mettant en scène des personnages de Molière ou de Corneille. Il y a aussi le détail qui attire le regard : « Il faut toujours un endroit très précieux dans une sculpture ». (cf ci-dessous : « Le couple » (inspiré de l’oeuvre de George Sand : « La mare au diable ») – Mairie de Solesmes)

Rappelons que le sculpteur avait été comédien dans sa jeunesse et que grâce à une étonnante mémoire et une large culture autodidacte, il connaissait par coeur des centaines de pages, de prose ou de vers, d’Alfred de Musset à Victor Hugo, Charles Péguy, Paul Valéry…, dont il récita cet extrait du poème « Patience dans l’Azur » quelques heures avant sa mort :

« Patience, patience,
Patience, dans l’azur,
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr ! »

 

Lorsqu’une commande était passée à Claude Gruer, une imprégnation totale devait être nécessaire, avec lecture de textes se rapportant au sujet, réflexion, méditation, concertation avec le commanditaire, et avec son épouse : « J’ai besoin de m’investir complètement pour illustrer les textes auxquels j’adhère ». Un dessin était ensuite réalisé, reproduit grandeur nature, en utilisant un quadrillage. La sculpture était directement appliquée sur des panneaux en isorel renforcés par des porte-plaques et tenue par des pointes. Le travail se faisait à la verticale. Techniquement, Claude Gruer utilisait de la glaise mélangée à de la chamotte (brique cuite concassée en grains plus ou moins fins), ce qui donnait à ses réalisations cet aspect granité. Il appliquait la méthode de la « taille directe », technique acquise lors de sa formation. La sculpture terminé, venait ensuite le passage obligé au four électrique pour une cuisson à 1200°.

C’était alors qu’intervenait Marie-Madeleine Gruer. L’oeuvre sortait du four comme un biscuit presque blanc, et elle appliquait alors la peinture à l’huile, puis une « patine » faite d’huile de lin et de terre de Sienne, estompée, pour donner tout son relief à la sculpture. Elle apportait ainsi toute sa sensibilité dans le choix des couleurs et des nuances en harmonie parfaite avec l’environnement dans lequel l’oeuvre était destinée à prendre place. « Chercheur en couleurs », comme elle se qualifiait, elle donnait comme une seconde naissance aux créations de son mari. C’était un travail de couple, dans la complicité et la concertation,  chacun restant maître de sa propre inspiration.

Le Père Rochon, moine de l’abbaye de Solesmes, estime que son œuvre est “colossale”. “Il y a peu d’artistes chrétiens de son importance”. Il a sculpté pour l’église abbatiale : le tour du tabernacle et le maître autel. Solesmes lui doit nombre de statues comme celle qui orne la fontaine au centre du village.

Il a également réalisé un ensemble de bas-reliefs commandés par l’architecte Georges Duval et par la  Caisse des dépôts et consignations pour la ZUP de Hauteville (Lisieux) (cf ci-contre : La Parade, un de ces bas-reliefs).

“J’aimerais que dans la presse nationale on parle de Claude Gruer”, ne cachait pas le Père Rochon. “Cet artiste réputé a marqué la région et bien au-delà, à travers ses sculptures bibliques, évangéliques ou profanes qui ornent aujourd’hui rues ou façades et lieux de culte de la France entière”, réagissait François Fillon, Premier Ministre de l’époque, au travers d’un communiqué après l’annonce de son décès le 3 septembre 2013. Ses obsèques ont été célébrées en l’église paroissiale de Solesmes par le père Soltner.

Marie-Madeleine est décédée le 1er mai 2016, et fut enterrée le 4 mai, jour du soixante-dixième anniversaire de leur mariage. Ces mots du poète Rabindranath Tagore, extraits de « L’Offrande Lyrique », avaient éclairé toute sa vie :

« Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite,
pareille à une flûte de roseau… »

Claude Gruer et son épouse ont aussi beaucoup fait avancer l’accueil pour les personnes handicapées. Parents de sept enfants dont Jérôme, porteur de trisomie 21, ils ont veillé à ce qu’il existe des structures adaptées au maintien des enfants auprès de leurs familles. Ils ont créé en 1971 ce qui est devenu aujourd’hui l’IME de Solesmes, dont les nouveaux bâtiments ont été inaugurés en juin 2013, en leur présence. Claude Gruer avait aussi fait partie du Conseil municipal de Solesmes de 1959 à 1983.

 

Exemple de sculptures de Claude et Marie-Madeleine Gruer :

Autres chemins de croix :
– Le même chemin de Croix à l’église de Saint-Martin de Cubnezais (33).
– Eglise St Pierre de Trans la Forêt 35 Bretagne
– Eglise Saint-Nicolas de La Berlière (en Argonnais) (église décorée aussi de vitraux de Maurice Rocher)
– église paroissiale Notre-Dame-de-la-Victoire (actuellement basilique) à Saint-Raphaël dans le Var
– etc…

Autres réalisations :
– Bas-reliefs derrière les maîtres-autels : au couvent des Carmes Notre-Dame des Lumière à Nantes (44), et à l’église paroissiale de Vaiges (53)
– Maître-Autel – Eglise paroissiale Notre-Dame-de-la-Victoire, à Saint-Raphaël
– La Scène et la Pieta du maître-autel – Cathédrale Saint-Sanson de Dol-en-Bretagne
– Transfiguration – Chapelle St Sauveur – Angers
– Série de bas-relief : de la Création du Monde à la La Pentecôte – Carmel de Luçon
– Le Musicien Flûtiste, mairie de Solesmes
– Les Amoureux (de la Mare au Diables de George Sand), mairie de Solesmes
– La Parade – Lisieux Hauteville
– Vierge à l’enfant : Foyer de Charité à Courset (62)
– etc …

 

(Cliquer sur les photos pour une visualisation optimum de chacune)

 

 

Sources :

  • bulletin communal de la ville de Solesmes : n°13 – 2002
  • journal Ouest-France édition Normandie – Lisieux – 5/9/2013 « Hauteville – Décès du sculpteur Claude Gruer qui avait participé à la création du quartier ».
  • journal Les Nouvelles – 13/09/2013 – « Claude Gruer, sculpteur solesmien est décédé ».
  • http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy : moteur de recherche sur l’Inventaire Général du Patrimoine
  • « Chemin de la Croix » de Paul Claudel : site du diocèse d’Arras : http://catholique-arras.cef.fr/fichs/71273.pdf

Le Chemin de Croix de Claude Gruer
&
Le Chemin de la Croix de Paul Claudel

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